Extrait du journal
Quels peuvent être, quels doivent être les rapports légaux des syndicats ouvriers et du patronat? Tout d’abord, il est bien clair que la liberté des syndicats ouvriers doit être protégée efficacement par la loi. S’il est permis au patron de traiter avec malveillance les ouvriers syndiqués, s’il les brutalise ou les renvoie parce qu’ils sont syndiqués, la liberté syndicale n’exisle plus. Car toutes les fois qu’ils prétendent user du droit que la loi leur reconnaît, les ouvriers sont menacés d’une amende patronale qui peut aller jusqu’à la perte du travail et du pain. Cela est in tolérable et il faut mettre un terme à cet arbitraire par une loi vigoureuse et pré cise. Les ouvriers du Creusot ont pu montrer au président du conseil une liste dressée à l’usage de M. Schneider par la police de l’usine. Cette liste contenait, pour un seul atelier, le nom de 27 ouvriers suspects, avec cette mention significative : Syndiqué dangereux. Il n’est donc pas permis de contester l’esprit de violence patronale contre les syndiqués, et la Republique manquerait à son devoir le plus essentiel ei elle ne ne faisait pas respecter par des sanctions précises le droit des prolétaires à s’organiser. Ce sera ensuite le devoir des travailleurs d’entrer en masse dans les syndicats ainsi protégés. Les plus timorés, les plus insou ciants n’auront plus d’excuse à leur abstention : et le jour où un très grand nombre de salariés seront groupés dans les syndicats, le jour où ceux-ci qui ne re présentent encore qu’une très faible minorité de la classe ouvrière en représen teront une très importante fraction, ce jourlà, bien des questions do droit seront ré solues en fait : car le patronat ne pourra refuser longtemps de discuter et de négo cier avec les représentants d’unepuissance aussi considérable. Que la classe ouvrière ne l’oublie pas. Pour être traité comme une force, il faut, avant tout, être une force : or, les sala riés, en entrant très nombreux dans les syndicats, peuvent constituer une force qui se fera place dans le monde par son propre poids. e% Mais il restera toujours à régler la uestion légale : Le syndicat ouvrier doitêtre nécessairement, obligatoirement, l'intermédiaire entre les ouvriers et le patron ? Est-ce lui qui doit porter au pa tron les revendications des ouvriers, et le patron est-il tenu de discuter avec lui ? *En obligeant M. Schneider à accepter l’ar bitrage, les ouvriers du Creusot ont avancé de plusieurs années la solution du problème. Au-dessus des détails de la lentence arbitrale, il y a le fait même de 'arbitrage. En se soumettant à un arbitre, n consentant à discuter devant lui avec es délégués de ses ouvriers, le grand pa tron a renoncé lui-même à l’omnipotence patronale. Il a reconnu qu’il ne dépendait pas du patron seul, faisant la loi à ses ouvriers, de déterminer les conditions du travail dan? son usine. lîitj dans les semaines qui vont...
À propos
La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.
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