Extrait du journal

Nous ne nous attarderons pas à commenter le débat d’hier à la Chambre. L’Assemblée était d’ailleurs visiblement dominée par les événements qui se déroulaient dans la Marne, cependant qu’elle déli bérait, et dont la gravité dépassait les prévisions les plus pessimistes. Dans ces conditions, le vote en faveur du gouvernement ne pouvait faire doute. 11 est des heures, en effet, où les que relles politiques doivent cesser pour faire place aux préoccupations supé rieures de l’intérêt national. Nous avons trop souvent dénoncé dans ce journal la lamentable propen sion de certains politiciens ambitieux et avides à exploiter contre un gouverne ment les périls auxquels il doit faire face, pour exploiter à notre tour contre le cabinet Monis les scènes de jacque rie qui ravagent aujourd’hui toute une partie de la France. Non ! ce n’est pas le moment de demander des comptes aux hommes qui sont au pouvoir, et s’il nous est permis de regretter que, dans une minute aussi tragique, la Chambre et le gouvernement d’une part, le Sénat de l’autre, se trouvent aux prises et en conflit aigu, nous pro clamons bien haut le devoir de tous les républicains de faire face au péril et de permettre au cabinet d’accomplir sa mission nécessaire et de rétablir l’or dre indispensable. Nous voulons croire encore, bien que les dépêches qui nous parviennent de la Marne ne nous inclinent guère à l’optimisme, que les populations en ré volte, revenant de leur folie première, rentreront promptement dans le calme, nous évitant ainsi l’horreur de ces con flits terribles où semble couler, avec le sang des morts et des blessés, le meil leur de la République et de la France.,...