Extrait du journal

Les violences de M. Binder, si elles n’ont aucun sens, ont au moins une excuse : celle d’être provoquées par des atteintes réitérées à sés droits d’auteurs. Dès l’ou verture de la législature, M. Binder a mis la main sur les Humbert. Je ne saurais dire s’il a passé un traité avec eux. Mais il est, à n’en pas douter, leur manager au Parlement. Il y débite au détail leurs petites et leurs grandes saloperies. Vous pensez s’il tient à ses sujets ! Grâce à eux, lui qui n’avait encore trouvé aucun emploi à son talent oratoire, il s’est créé une spécialité de scandales qui attire de la clientèle. Il sait à qui et comment par ler maintenant. 11 peut,- tout comme M. de Baudry d’Asson, M. de Cassagnac ou M. Rochefort, traiter les républicains de ca nailles et les ministres d’hommes flétris. Ses affaires ne vont point mal. Il y a du monde le vendredi à la Chambre, quand on annonce qu’il exhibera les Humbert. Mais son succès lui suscite des rivaux. Une fois déjà, M. Gauthier (de Clagny) a tenté contre lui une contrefaçon déloyale. Voilà qu’à son tour M. Ferrette publie son intention de travailler là-dedans. Et cela juste à la minute où l’engouement du pu blic redouble. Une autre concurrence qui a mis M. Binder hors de soi, c’est celle de M. Puget, directeur du théâtre de la 9« chambre. Cet habile imprésario a monté son entreprise avec une maîtrise consommée. Une foule avide et enthousiaste s’écrase dans sa salle. Au premier rang, à main droite, la famille de M. Puget; à main gauche, l’autre famille, celle des pelisses de vingt mille francs gagnées à la loterie. Les dames abondent. M. Puget en a mis par tout. Sous leurs regards allumés et à leurs applaudissements frénétiques, il fait lé beau et le bel esprit. Il excite Thérèse, il soutient Frédéric, il dialogue avec Romain Daurignac, il leur manifeste à tous sa reconnaissance en se livrant contre leurs adversaires à de véritables forfaitures. C’est la première fois, croyons-nous, qu’un président de tri bunal fait état d’une lettre anonyme con tenant des imputations diffamatoires en vers un témoin. Ces sortes de documents paraissent suspects en toutes circons tances. Devant la justice, plus que par tout ailleurs, c’est un abus inqualifiable d’en user. Le magistrat qui sc laisse aller à de pa reils agissements est un malhonnête homme capable des pires friponneries. Si fantaisie lui en vient, si un intérêt plus...