Extrait du journal

Demandé pour une réunion, je le fis sous la présidence et dans la grange du grtndoncle, devant un auditoire peu nombreux, composé deîquelques paysans,qui me parurent ne pas comprendre grand’chose aux théories que je m’efforçais de leur développer aussi simplement que possible. Quant à des ouvriers de l’usine, ceux à qui je désirais tant m’adresser, je n’en eus que trois ou quatre bien stylés, sous la conduite d’un contre-raaüre chargé d’organiser le bou can. Les autres, jusqu'aux femmes et aux en fants, avaient été prévenus que leur présence à la réunion serait suivie de leur renvoi. La séance levée, Jean Lafleur, qui, durant la réunion, s’était tenu blotti dans un coin, affectant un air goguenard, haussant les épau les et grommelant de temps en temps une interruption, vint à moi et me dit d’un ait protecteur : — Mon cher monsieur, ce n'est point la peine de vous esquinter le tempérament à revenir ici, vous n’y feriez pas fortune.. — Monsieur le jardinier, lui répondis-je, vous me permettrez de ne pas tenir compte de votre conseil, car vous ne paraissez pas être la fleur de l’intelligence. Cet innocent jeu de mot le piqua au vif. Ü allait continuer quand son oncle intervint : — Laissez-Ie donc, me dit-il, mon pauvre neveu n’est pas un mauvais garçon, mais à part son jardinage, c’est un idiot. Et nous le quittâmes, le laissant seul et déconfit....