Extrait du journal

Le plus horrible détail de la catastro phe de Lisieux, nous est fourni par une courte note de Y Agence Havas. La plupart des voyageurs que portait le train déraillé se rendaient aux courses de Deauville. Et telle est la frénésie du jeu chez les habitués des hippodromes que ceux-là firent une émeute pareeque le per sonnel de la gare s’occupait plutôt de porter secours aux blessés que de leur faciliter les moyens d’arriver à Deau ville avant la fermeture des paris. Il fallut, ajoute l’agence Havas, l’inter vention de la gendarmerie pour faire en tendre raison à ces insurgés du vingt contre un. Si le lugubre tableau des amas humains confondus pêle-mêle avec les débris des vagons, si les cris des blessés et la dou leur des parents devant les cadavres des leurs nous étreignent le cœur, de quel sentiment de colère» et de dégoût ne nous sentirons-nous pas envahis à la vue de ces forcenés à qui la soif du gain enlève toute pudeur et toute humanité ? Le mal sévit chez les riches et chez les pauvres. Mais s’il nous importe peu que les snobs du monde et du demi-monde, comme le prince de Galles, M. Rochefort ou quelque grue haut cotée jettent dans une sacoche de bookmaker leurs billets de banque, il est triste de voir les travail leurs compromettre dans des combinai sons dont ils sont inévitablement dupes, l'argent de leurs nauvres ménages. Nous ne nous flattons point de porter...