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La Petite République, 17 février 1903

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La Petite République
17 février 1903


Extrait du journal

La Question du Gaz ET LE PERSONNEL Les conclusions du préfet. — Prétentions scandaleuses de la Compagnie pari sienne. — Le personnel serait sacrifié. — Protestations unanimes André Lefèvre, dans la Petite République du 13 février, a magistralement interprété les sentiments de 1^ population parisienne à l’égard du mémoire du préfet de la Seine, concluant à une prolongation de vingt années du monopole de la Compagnie parisienne du Gaz. Ce n’était pas la peine, disait-il avec juste raison, d’avoir soutenu tant de luttes, fait tant de résistances et obtenu tant d’ajour nements, pour arriver à un aussi piètre ré sultat ! Les conclusions de l’administration préfec torale ont en effet stupéfié l’immense majorité des contribuables, attendu surtout que dans différentes séances et notamment dans celle du 24 novembre 1901, le conseil municipal de Paris avait décidé de ne plus entrer en pour parlers avec la Compagnie actuelle, ce qui donnait à penser que nous en avions enfin fini avec cet abominable monopole et avec ccs fi nanciers, qui,pris la main dans le sac,avaient été obligés de rendre gorge, et dont les pré tentions, aussi exagérées que scandaleuses, empêchaient seules les Parisiens d’obtenir plus tôt le gaz à quatre sous. La Compagnie Parisienne du Gaz a tou jours tenu la dragée haute à la Ville de Pa ris, cherchant constamment à lui imposer ses volontés et, tout dernièrement encore, dans une lettre adressée le 18 janvier à l’adminis tration, elle faisait sommation au Conseil d’avoir à se prononcer sur ses propositions avant le 20 février, se réservant, de plus, le droit de soumettre le projet voté à l’approba tion de ses actionnaires, qui pourraient, sui vant leur bon plaisir, l’accepter ou le refuser, c’est-à-dire se moquer des édiles parisiens, tout en jouant un bon tour à la préfecture de la Seine. La population est révoltée de tant d’audace et elle a la conviction qu’il ne se trouvera personne au Conseil municipal de Paris pour soutenir une compagnie qui pendant toute son existence se joua si souvent des intérêts des contribuables, alors que la régie serait la solution la plus avantageuse. Ajoutons qu’un certain nombre de conseillers municipaux ont trouvé extraordinaire de ne pas voir un projet de régie directe annexé au mémoire du préfet mis en parallèle avec tous ceux dont l’administration est depuis quelque temps accablée. Quant au personnel, il n’est pas encore re venu de la stupéfaction que lui ont causé les conclusions du préfet, lui qui depuis de lon gues années eut a lutter contre les prétentions arbitraires de la Compagnie «lu gaz et qui intervint si souvent près du Conseil pour la sauvegarde de ses intérêts toujours mécon nus. Il n’est pas inutile de démontrer en ce mo ment d’actualité ce qu’elle fut à son égard, elle qui semble se targuer des quelques avan tages concédés aux travailleurs du gaz et qu’ils n’ont du reste obtenus que grâce aux efforts et à l’autorité de leurs syndicats. En 1899 elle suscita une grève qui fut des plus malheureuses et lui permit de se débar rasser de plus de quatre cents ouvriers dont un certain nombre de vieux travailleurs. Elle réussit à désorganiser le syndicat et à cette faveur essaya d’obtenir une longue con cession sans se soucier de son personnel. Les ouvriers et employés gaziers se recons tituèrent solidement et en profitèrent pour demander à leurs employeurs quels étaient les avantages qu’ils voulaient bien leur con céder en raison du nouveau monopole qu’ils sollicitaient. La bienveillante compagnie ne daigna même pas souffler mot ; les lettres et les demandes d’audiences restèrent toujours sans réponse. La réintégration des ouvriers licenciés fut réclamée; peine perdue, la compagnie resta in flexible ; bien mieux, elle multiplia les renvois aussi injustes qu’injustifiés ; on licencia des hommes comptant plus de vingt années de ser vice, des ouvriers ayant contracté dans le travail des maladies les mettant dans l’im possibilité de pouvoir continuer furent impi toyablement jetés à la rue. Des jeunes gens partant accomplir leur service militaire, à leur retour, n’élaient plus repris ; bref, son attitude fut intolérable ; ce que voyant, le personnel ne songea plus qu’à s'adresser au Conseil municipal de Paris, sur lequel il fonda les plus larges espérances. Les syndicats combattirent sans distinction tous les projets qui, pendant ces dernières années, furent discutés à l’Hôtel de Ville et 3ui ne contenaient pas, au moins, une partie es revendications élaborées par lui. Dans celui de la Compagnie, lequel a les faveurs de l’administration, aucun compte n’est tenu de ses protestations légitimes, et s’il était adopté, les salaires et traitements seraient toujours aussi dérisoires ; les vieux travailleurs seraient, à la veille d’obtenir leur retraite, jetés sans pitié à la rue ; l’autorité, aussi arbitraire que ridicule, continuerait à régner sans que les syndicats puissent inter venir. Il est vrai que la Compagnie du gaz déclare fort galamment qu’elle les reconnaîtra officiel lement, mais nous savons,l’expérience du passé nous l’ayant suffisamment démontré, ce que cela veut dire,elle les reconnaîtra,c’est entendu, mais elle refusera simplement de recevoir ses délégués ; le contraire nous surprendrait fort car il semble difficile qu’elle adore demain ce qu’elle a toujours brûle dans le passé. Nous ne serons pas ses dupes, d’autant plus que certaine de ses concurrents sont venus à...

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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