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La Petite République, 22 mai 1898

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La Petite République
22 mai 1898


Extrait du journal

Milan, le 18 mai. Un de nos amis de Milan nous envoie, sur le mouvement révolutionnaire italien, les nouveaux renseignements qui suivent et que nos lecteurs liront avec plaisir. Chers camarades, Il y a déjà plusieurs jours qu’un groupe nombreux d’amis m’a chargé de vous écrire, pour faire connaître au prolétariat français les infamies sans nombre dont nous sommes actuellement les victimes douloureuses. Je ne l’ai pas fait parce que la surveil lance exercée nar la police sur le service des correspondances m’en a toujours em pêché. En effet, depuis la proclamation de l’état de siège, nos lettres sont toujours ouvertes, aussi bien à l’arrivée qu’au dé part. Et, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde, l’on supprime sans façon toutes celles qui contiennent une appréciation quelconque sur les derniers événements. Comment aurais-je donc pu m’entretenir avec vous, « socialistes » et « étrangers », de l’insurrection de Milan, sans m’exposer à la vengeance du géné ral Bava-Beccaris, ce brave serviteur d’un monarque inconscient, soudard assoiffé de sang dont le nom ne s’effacera jamais de la mémoire des travailleurs lombards? Aujourd’hui — grâce au concours des nombreux amis que nous comptons parmi les travailleurs des chemins de fer — cette difficulté est tournée. C’est aux soins de ces compagnons de lutte que je confie cette lettre, jusqu’à la frontière suisse Mais la violation du droit élémentaire que devrait avoir chaque citoyen d’écrire ce que bon lui semble n’est que le com mencement d’une série d’autres abus, d’autres crimes même, approuvés par les réactionnaires de tout acabit, sanctionnés par toute la presse. Celle-ci n’est réduite désormais qu’aux journaux les plus aveuglément bourgeois; tous les autres ont été supprimés. De nos organes nombreux et vaillants, un seul subsiste, YAcanli! de Rome, assailli de tous les côtés par les vendus et les traîtres à la cause populaire. Le gouvernement, n’ayant pas trouvé un prétexte plausible pour proclamer l’éiat de siège à Rome et supprimer ensuite cette unique voix so cialiste, qui retentit encore au cœur du pays, fit arrêter tousses rédacteurs. L’em prisonnement avait lieu le matin, le soir même le journal paraissait aussi nourri que le jour précédent. A la place des six camarades arrêtés, on en avait trouvé sur-le-champ dix autres, aussi vaillants, aussi dévoués. Alors redoublèrent les persécutions. M. le marquis di Rudini en veut personnelle ment à cette petite feuille, et ses fonction naires, pour lui faire plaisir, procèdent chaque jour à la saisie du journal. C’est, comme vous voyez, une lutte épique entre le droit et la force, entre la raison socia liste et l’entêtement gouvernemental. Et à Rome l’état de siège n’est pas en core proclamé ! Dans les autres villes, à Milan, à Naples, à Florence, à Venise, à Corne, à Pise, à Pavie, à Livourne, par tout où l’on a placé des soldats à la tête des provinces, c’est la terreur, c’est la crainte perpétuelle de la prison, c’est le triomphe des mouchards et des lâches. Toute protestation — si justifiée soit-elle — est interdite. Au cri d’angoiese des mères et des femmes qui pleurent leurs enfants et leurs maris, morts, blessés ou incarcérés, les généraux répondent en f>rofessionnels de la brutalité et de la vioence par de nouvelles arrestations. Celles-ci sont tellement nombreuses que, dans plusieurs villes, et en particu lier à Milan, on ne sait môme plus où l’on a placé certains militants connus du parti socialiste. Ainsi, actuellement, on cherche partout un ingénieur, le citoyen Vismara, arrêté dans les premiers jours de la révolte. A Naples et à Rome, les prisons sont tellement encombrées au’on i...

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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