Extrait du journal
Dimanche, à la même place, nous n’avons pu apprécier comme ils le méritaient les graves résultats de la grande journée. L’heure était tardive. Et puis, agités encore par la fièvre de la première lutte, nous aurions peutêtre mal lu ces bulletins de bataille qui nous arrivaient et qui sont bien des bulletins de victoire. S’il est un premier et heureux ré sultat qu’il nous faut enregistrer avec joie, c’est l’échec complet de la poli tique nouvelle, pleine d’équivoques et de périls dont les ralliés nous mena çaient. Cette politique, le suffrage universel vient de la juger à sa juste valeur : o’est-à-dire qu’il l'a condam née. Et sans s’arrêter aux obscurs qui avaient trop docilement suivi le mot d’ordre, c’est sur les chefs que le pays a voulu faire peser son écrasant ver dict. Aussi, M. de Mun est battu, et battu aussi par notre ami Bepmale, le cau teleux M. Piou. C’est en vain que M. de Mun et M. Piou ont invoqué devant le suffrage universel, leur indéniable talent. C’est à leur conscience que le peuple a demandé des comptes — il les a écartés de la vie politique. Et même ces hommes n’éprouveront pas cette joie amère que procure quelquefois la défaite, ils ne pourront ni dire, ni croire qu’ils sont tombés pour une idée. Ils sont tombés pour avoir voulu inaugurer dans ce pays de netteté et de franchise une politique hypocrite et tortueuse, faite de compromissions louches et d’inavouables appétits. Ce ne sont pas des vaincus, ce sont des condamnés. Et avec eux est condamné ce gouvernement à qui reste la honte d’avoir préparé cette alliance mons trueuse. Elle n’a pas réussi, certes. N’oublions pas qu’en bonne justice la tentative est réputée pour le fait. Mais la joie la plus grande ne nous vient pas seulement de cette consta tation. Si les ralliés sont dispersés, les républicains socialistes sont debout. Presque tous les élus d’autrefois sont les élus d’aujourd’hui et ont ga gné à cette consultation nouvelle plus de confiance et plus de prestige. D’au tres ont pris la place d’opportunistes honteux ou de monarchistes, comme dans le Gers, hier livré à la réaction, et où Caze triomphe aisément. Et surtout, — voilà le fait capital, — partout, dans toutes les villes, le parti socialiste a prouvé sa virilité, sa force et sa vie. Ses candidats se sont levés partout, prêts à semer la bonne pa role, à répandre l’idée, à essayer de rallier les suffrages. Si quelques-uns ont succombé sous le poids de la pres sion officielle et des influences préfec torales, ils n’en ont pas moins arboré 1j drapeau. Le parti socialiste a pris position. Désormais, il faut compter avec lui. Mais, il faut pour cela qu’il compte avec lui-même. Ce n’est pas tout d’invoyer au fort de la mêlée les tirail leurs intrépides et téméraires. Ceux-là doivent entendre le signal de rallie ment donné après la bataille — après le premier engagement, à la veille du second. Il faut que le parti socialiste ne montre pas seulement son ardeur, mais aussi sa force, et qu’il soit capa ble de s’imposer cette discipline étroite et sévère sans laquelle succèdent à d’éphémères victoires de lamentables défaites. Il faut que, derrière le candi dat socialiste le plus favorisé, les au tres se massent et contribuent au suc cès. Et il est nécessaire que cet exemple soit donné même dans les arrondisse ments où il n’y a pas de danger pour (a cause. Car si la loi n’est pas la même, si le caprice des uns y porte des exceptions — on ne respectera pas la discipline sur les points où le péril...
À propos
La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.
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