Extrait du journal

Comment se fait-il que le projet de M. Guillemet, renouvelé durant deux législa tures, ne soit jamais venu en discussion ? Il esVsimple ; il a dû paraître trop simple. Peut-être a-t-il aussi le tort plus grave de couper court à des fraudes dont profitent trop de gens?Quoi qu’il en soit, je ne puis encore comprendre comment le projet d’un monopole qui fonctionne en Russie, en Suisse, en Norvège, qui a été proposé par le gouvernement en Allemagne, en Au triche, en Italie, n’a pu jusqu’à ce jour faire l’objet d’un débat public. Et il me paraît impossible que la question puisse être éludée dans la discussion du prochain budget. En 188G, la commission nommée par le Sénat conclut au monopole. Ses travaux, le rapport rédigé par Claude (des Vosges), son president, avaient suscité une profonde émotion. On avait compris que les exigen ces de la santé publique s’accordaient, pour une fois, avec r intérêt du Trésor. Qu'arrivat-il alors ? Une grande commission extraparlementaire fut constituée. Léon Say en fut le rapporteur, et l’économie classique triompha. Aujourd’hui, dans des circonstances ana logues, nous venons de voir constituer en core une commission extraparlementaire. Il est vrai que le socialisme y est repré senté. Mais je n’éprouve pas moins un pou d’inquiétude à voir entrer en scène une si grande commission. Pourquoi ne pas sou mettre directement à la Chambre un projet de monopole de la rectification? Nous n’avons pas besoin d’être éclairés davantage. La question est mûre (1). LÉON BLUM....