Extrait du journal

aux jeunes gens un beau dédain pour les professions industrielles, mais au contraire embellir de philosophie, élar gir d’idées générales les occupations courantes de la vie, et les situer ainsi dans l’immense coopération sociale où, selon l’expression même de M. Mala pert, un bon menuisier vaut mieux qu’un mauvais magistrat. La seconde raison ,c’est qu’une dé mocratie résolue à utiliser toutes les valeurs sociales n’aura jamais trop de jeunes gens instruits, et qu’ils sont la condition môme de son existence et de son développement. La Révolution française a été faite par une jeunesse audacieuse qui, par beaucoup de ses membres, avait une singulière pa renté avec le prolétariat des bache liers. Parmi les grands conventionnels qui refirent le monde sur le plan de la raison, et ma foi ! ils ne le refirent pas plus mal pour cela, n’en déplaise à M. Brunetière et aux disciples de Taine, j’en pourrais citer plus de dix qui étaient aussi pauvres que bache liers. Il me reste à examiner la dernière objection de M. Malapert. Les cancres dont les parents ont de l’argent iront recevoir l’enseignement secondaire dans des établissements privés, et au sortir de ces établissements ils n’en feront pas moins concurrence aux fils de prolétaires sortis du lycée, pour les emplois auxquels ceux-ci aspireront. Oui, mais à une condition : c’est que les établissements privés d’enseigne ment secondaire subsisteront. Or, je crois que l’on est en train de les fer mer, puisqu’il n’en est d’autres que congréganistes, et que ceux-ci, la loi les supprime. Dès lors, les cancres, fils à papa, devront se résigner à en treprendre des tâches à leur portée. D’ailleurs, la suppression des dis...