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La Petite République, 28 juin 1899

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La Petite République
28 juin 1899


Extrait du journal

souvenirs, se sont abstenus ; les autres, en majorité, ont voté pour. Tous ont cordialement soutenu Viviani, quand le centre et la droite se risquaient à l’in terrompre. Tous, quand le centre et la droite ont murmuré contre Millerand, l’ont salué de leurs acclamations. Ainsi s’effacent rapidement, des cœurs so cialistes, les traces des dissentiments que cette terrible crise a provoqués. Nous pouvons donc, en toute liberté, et sans craindre d’envenimer les bles sures, déplorer une fois de plus que l’absence d’une organisation générale et unique de notre parti, ne lui ait pas permis d’émettre un vote unanime. Comme il eût été beau que dans cette crise douloureuse qui mettait aux pri ses, dans la conscience socialiste, le devoir républicain de l’heure présente et les plus cruels souvenirs,notre parti tout entier eût suivi la même route ! Je le répète et bien souvent encore le répéterai. Les organisations particu lières, isolées, ne peuvent plus assurer la marche révolutionnaire de notre parti. Avant-hier le Conseil national du Parti ouvrier français décidait que ses élus devaient quitter le groupe so cialiste et se former en un groupe par lementaire distinct. Or, hier, à la Chambre, quand il a fallu décider de la vie ou de la mort du ministère, la moitié des élus du Parti ouvrier a voté pour le ministère ; l’autre moitié s’est abstenue. A quoi servent donc cos séparations et sécessions, si dans l’intérieur même du petit groupe ainsi formé on ne peut assurer l’unité <1 > popsée et d’action? Je le demande liés amicalement à nos camarades: Que signifie leur retraite du groupe socialiste si dans l’étroite enceinte où ils s’enferment ils sont ensuite divisés contre eux-mêmes? Et je voudrais bien aussi que dans un grand congrès national, compre nant tous les délégués des groupes vraiment socialistes, tous ceux qui ad mettent la lutte do classe, l’expropria tion politique et économique de la bourgeoisie, l’action internationale des travailleurs, oui, je voudrais que nous puissions discuter avec nos amis du Parti socialiste révolutionnaire sur la vraie méthode révolutionnaire du pro létariat moderne. Révolutionnaires, nous le sommes à fond, nous le sommes par le but et par la méthode. Nous sommes des commu nistes. Nous voulons que la propriété fasse retour à la communauté et aux travailleurs organisés. Nous voulons que la classe parasitaire cesse de per cevoir les loyers des maisons, Ta rente du sol, les profits de l’industrie, les di videndes du capital, les rentes du Grand-Livre.Et nous pensons que pour cette transformation prodigieuse il faut que les travailleurs, organisés en parti de classe, conquièrent le pouvoir par tous les moyens que leur offre la réa lité mouvante. Mais précisément, parce que nous sommes révolutionnaires, nous voulons que le prolétariat se mêle à toutes les batailles, qu’il exerce une action con tinue, multiple, toujours nouvelle, qu’il ne se laisse lier par aucune en trave, qu’il ne se laisse même pas im mobiliser par des souvenirs sacrés. A quoi ont abouti nos amis révolu tionnaires dans la crise qui, depuis quelques jours, passionne le pays ? Ils ont abouti à l’abstention. Ils n’ont pas voté pour le ministère parce qu’il con tenait le nom de Galliffet. Ils n’ont pas voté contre le ministère parce qu’ils n’ont pas voulu faire le jeu du nationa lisme et de la réaction. C’est très bien, et ces raisons ne sont point sans va leur. Mais des taisons ne sont jamais tout à fait bonnes quand elles empê client d’agir. L’abstention ne peut pas être la formule de la Révolution. J’ai entendu (lire tous ces jours-ci : «Prenons garde : le peuple est simpliste ; il ne comprendra pas ceci; il ne com prendra pas cela ». Et de peur que le peuple ne comprenne pas, de peur qu’un malentendu passager s’élève, on flotte indécis, impuissant, désarmé, et on ne porte pas dans la bataille les coups dé cisifs qu’on pourrait porter. Et moi je dis que le peuple, dès aujourd’hui, comprend plus de choses que ne l’imaginent ses conseillers. Je dis qu’en tout cas, tant que le peu ple restera simpliste, comme on dit qu’il est, la Révolution sociale ne se fera pas. La réalité devient de plus en plus complexe; les crises seront de plus en plus troublantes. Il faut que le prolétariat apprenne à livrer sa bataille sur un terrain raviné et tourmenté....

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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