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La Petite République, 28 mai 1900

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La Petite République
28 mai 1900


Extrait du journal

petits commerçants, etc. Il fallait 691 millions pour activer tout cela ; les par ticipants, versant 1 franc, donnaient 129 millions, les employeurs 196, l’Etat 366. Et c’étaient ces 366 millions que l’on cherchait avidement dans le budget. On les demandait à l’impôt sur le re venu, à l’impôt sur les successions, à des conversions de la dette, au monoEole de l'alcool. Il y a là-dessus une onne brochure de Turot. Un de mes amis, le citoyen Brunet, vient d’avoir une idée superbe, acclamée dans toutes les réunions. Elle est bien simple : il s’agit d’assurer le juste salaire aux bons ouvriers de la République en fai sant payer par les vaincus les frais de la guerre, par la saisie des biens des congrégations religieuses non autori sées. Avec la reprise des biens do main morte, on amortirait la dette partielle ment et le gage ainsi devenu libre four nirait chaque année la part de l’Etat dans le fonctionnement de la caisse des retraites. Payer les amis, frapper l’en nemi, cela ne paraît pas trop mal trouvé. Nous nous adressons maintenant à nos camarades de combat, les députés socialistes. Lequel voudra adopter ce projet, le faire sien, le défendre, ou au moins préparer un projet semblable? En tous cas, il est urgent d’aboutir. Avec ce programme, sans laisser tomber en oubli les promesses d’avenir, la République se présente avec une forme matérielle, palpable, très visible. Le prolétariat saurait par là qu’il ne lutte plus pour un dessin ou pour une formule, pour un souvenir classique ou traditionnel, mais pour ce qu’il a de très cher au monde, pour lo bien -être de ceux d’où lui vint la vie et de ceux à qui il la donna. Il votera bien, agira bien, se battra bien, parce qu’on vote bien, on parle bien, on se bat bien, quand on vote, on parle, on se bat pour son père ou pour son enfant. PAUL BROUSSE. NÉANT Avant-hier soir vendredi a eu lieu la réunion provoquée par les commerçants étalagistes. On sait qu’ils avaient invité tous les nouveaux élus nationalistes et que dans leur circulaire ils se vantaient d’avoir fait élire cinquante-deux conseillers. Sur les cinquante-deux conseillers ainsi convo qués, sept seulement se sont rendus à l’appel. Mais quand bien même les 52 seraient allés à la réunion, que pouvaient-ils faire? Il est facile de déclamer contre les coopératives ou contre le règlement des étalages : il est plus difficile d’indiquer une solution. Le nouveau conseil nationaliste sup primera-t-il le règlement des étalages? Il commettra d’abord une iniquité en livrant les employés à une exploitation sans frein! Il commettra aussi une maladresse, car il animera contre lui les employés qui ont été encore si nombreux à sc laisser capter par le nationalisme. Enfin et surtout, supprimer la régle mentation des étalages ne résoudra rien ; car si on abolit le seul moyen indirect qui ait été trouvé de limiter la journée de travail des employés, il faudra bien cher cher des moyens directs : et la question de la limitation légale de la journée de travail des employés sera ainsi posée plus tôt qu’elle ne l’eût été. Ainsi la force des choses se joue des combinaisons électo rales. Quant aux coopératives, que peuvent les conseillers nationalistes ? Demander au Parlement que la patente leur soit imposée ? Mais les plus ardents coopéra teurs le demandent aussi. Car les coopéra tives pourront alors vendre au public et leur puissance d’action sera singulière ment accrue. Donc, tout ce qui sera tenté par le petit commerce dans le sens rétrograde tournera contre lui. Et les nationalistes n’auront servi qu’à lui tendre l’épée sur laquelle, aveuglément, il se précipite. Cette première réunion n’a pu être et n’a été que néant. Nous attendons la suite. JEAN JAURÈS....

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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