Extrait du journal

violettes. Des fleurs qui lui venaient do lui peut-être. Et lo soir, aussi, j’allai droit vers [e petit hôtel désigné. Mais, — comme si uno fatalité m’eût poussé instinctivement, ma chinalement, je pris sur moi un pistolet à deux coups chargé que je gardais toujours dans un tiroir de la commode et que je pre nais parfois le soir, quand je revenais do chez un des négociants dont je tenais les livres, i Passy. Puis, je me dis, parlant tout haut et m’entendant — chose étrange ! — parler, avec une voix stridente, qui n était pas la mienne : — Maintenant, nous allons voir! C’était un jeudi, le jour de la Mi-Carême. Il me semble que c’était hier. Un jour triste, boueux ; une pluie froide de neige fondue. Jo revois encore cette journée jaune, lugu bre, qui m'avait semblé si lente, et je me rap pelle cette sombre soirée, avec des bruits lu gubres de cornemuse et dos masques mouil lés qui hurlaient sous la pluie pour s’a muser. Et je regardais ça, tout en marchant, tout en avançant, en me disant : — Je saurai bien si Cécile me trompe ! J’allais droit devant moi, les yeux sur le côté du boulevard où je pensais que devait être l’hôtel. J'étais fou. Cotte femme, en qui j’avais mis toute ma confiance, elle me trompait ! elle me mentait ! —Ah! la malheureuse ! la mi sérable 1 jo l’aimais pourtant bien, je l’ado rais pourtant ! Et j’appelais, dans la nuit, comme si ma voix eût dû la retenir : —- Cécile 1 Cécile ! Cécile !...