Extrait du journal

Le personnel des postes et télégraphes de Paris est en pleine effervescence ; il a pris fait et cause pour un employé, M. Albinet, qui a été envoyé en province et en disgrâce, juste punition de son indiscipline, dit le directeur général, M.de Selves ;injustice flagrante, clament en chœur les collègues du disgracié. Il est clair que le cas de M. Albinel — qu’il soit intéressant ou ne le soit pas, ce que nous ne savons pas exactement — n’est qu’un incident dont le personnel—le petit personnel — fait le prétexte de nouvelles récriminations. Au vrai, les manifestations des agents des postes deviennent périodiques et prennent un caractère dont il est impossible de méconnaître la gravité. Les employés se plaignent de l’insuffisance de leur traitement de début, de la lenteur de l’avancement, du surmenage que l’administration leur impose. Les griefs peuvent être fondés et doivent l’être. Ce qui n’est pas excusable, c’est la forme donnée par les intéressés à leurs revendications. Ils se réunissent à la Bourse du Travail, ils votent des ordres du jour dont les tendances combinatoires sont à peine dissimulées. On discute ouvertement, dans ces réunions, le droit de se former en syndicat, tout comme les cochers de fiacre et d’omnibus, ou de se mettre en grève, à l’exemple des mineurs de Carreaux. Si l’on espère, par ces menaces, amener le gouvernement à capituler et gagner les sympathies du public, nous craignons fort qu’on ne fasse fausse route....