Extrait du journal

Il est évident que la signature du traité franco-anglais a soulevé en Espagne un mouvement d’opinion, qui s’est manifesté spécialement à l’occasion des clauses visant le Maroc. Il ne faut ni s’en étonner ni en vouloir à nos voisins d’Outre-Pyrénées, d’autant que leur mauvaise humeur est beaucoup moins dirigée contre la France que contre leur propre gouvernement. Avouons que, réellement, en cette circonstance, la diplomatie espagnole n’a pas brillé. 11 est difficile de s’expliquer son effacement absolu pendant les pourparlers entre M. Iielcassé et lord Lansdonne. Les ambassadeurs espagnols à Paris et à Londres avaient parfaitement le droit de demander à être admis en tiers dans la conversation, en ce qui concerne les arrangements relatifs à l’autre rive du détroit de Gibraltar. Ils ne Vont pas fait. Pourquoi ? C’est leur affaire, mais s’ils trouvent aujourd’hui avoir à se plaindre, ce ne peut être que d’eux-mêmes. 6? Il existe, à la vérité, sur l’attitude de l’Espagne, une autre version, d’après laquelle ce ne serait point par excès d’indifférence, mais au contraire par excès de prétentions qu’aurait péché sa diplomatie, fille aurait beaucoup négocié avec le quai d’Orsay et aurait perdu la partie par trop d’ardeur à la gagner. On va jusqu’à assurer qu’elle demandait qu’on lui livrât les plus belles parties de l’empire chérifien, y compris Fez. Si le racontar est exact, évidemment nous ne pouvions souscrire à de pareilles exigences....