Extrait du journal

La garde nationale est dissoute et les beaux jours des brancardiers sont finis. On ne saurait trop applaudir à cette mesure dans le moment de crise que nous traversons. Cette classification des citoyens, pai voie de brassards ou de cocarde, a toujours été une des plus révoltantes manifestations réactionnaires. Si encore le brassard avait servi de signe de ralliement sous la terreur communiste, on pourrait comprendre à la rigueur, le lendemain de la victoire, les arrogances de ceux qui l’avaient porté au péril de leurs jours. Mais qui ne sait que les plus farouches brassaraiers riaient précisément naguère les plus humbles et les plus timides des administrés de la Commune? 11 n’est rien de tel que d’avoir tremblé pendant deux mois derrière les volets bien clos de sa boutique, pour se croire autorisé à faire la grosse voix, et de terroriser à son tour le voisin. Songez donc ! avoir failli être ai roté, et au lieu de cela, arrêter, soi-même, de sa main, sans explication, sans réplique! Quelle aubaine! quelle jouissance incomparable! et que cela vaut bien trois francs de rubans tricolores autour du bras !...