Extrait du journal

George Sand et Paul Meurice. Si nous voulions donner au lecteur une idée juste de ce qui se passé en ce moment au théâtre et dans les lettres, si nous voulions en peu de mots peindre la situation, voici ce que nous dirions ; — Rappelezvous ces longs hivers où la nature en deuil semble pleurer le soleil. Nous sommes en plein décembre. La lumière a fait place aux ténèbres. Les arbres dépouillés frissonnent, les champs abandonnés restent stériles, la neige s’étend en linceul sur les toits. Partout l’image de la désolation, de la misère : le pauvre a faim et souffle dans scs doigts. Chaque demeure est devenue une prison ; il y pleut de l’ennui; les heures s écoulent trop lentes ou top rapides, toujours pénibles comme un fardeau, les journées succèdent aux journées avec une monotonie désespérante. Tout est chagrin, tristesse, ombre profonde : les jours semblent des nuits. Ils passent... — Tout à coup un rayon de soleil se glisse à travers les rideaux mal joints, un doux...