Extrait du journal

LA PRESSE PARISIENNE ET LES CONCERTS WAGNER. M. Paul de Saint-Victor est un critique dont chacun connaît, aime et admire le talent. Sa plume, riche et colorée, toujours originale, d’un irrésistible entraînement, d’une incomparable flexibilité, se plie, sans efforts, aux exigences de la pensée, excelle à peindre les passions et les sentiments, exprime les sensations jusque dans leurs moindres nuances, décrit vivement les objets, et, respectant par dessus tout le goût, laisse après elle comme un parfum de distinction native que l’étude seule est impuissante à donner. M. de maintVictor est, en un mot, un écrivain qui sait écrire. Pourquoi faut-il qu’il ne soit pas complet ? C’est à croire qu à sa naissance quelque fée malfaisante, jalouse de cette plantureuse et subtile organisation intellectuelle, se serait fait un malin plaisir de la marquer d’une imperfection. M. de Saint-Victor est toutfait insensible aux charmes de la musique. La mélodie et l’harmonie sont pour lui, à peu près, lettres closes, et si la première parvient quelquefois à lui faire entendre quelque chose, la seconde ne lui dit absolument rien. M. de Saint-Victor avoue et confesse, d’ailleurs, non peut-être sans un petit peu maugréer intérieurement, son infirmité; mais il connaît les obligations qu’elle lui impose, il sait qu’iln’appartientpas aux aveugles de juger des couleurs, et, lorsque se produit quelque exhibition musicale d’une réelle importance, avec une dignité, un tact et un esprit qui lui font honneur, il se dispense d’émettre son opinion. Voilà pourquoi nous n’avons pas à mentionner le compte-rendu de M. de Saint-Victor, à propos des concerts de Richard Wagner....