Extrait du journal

sagrémens en police correctionnelle ou en cour d’assises, le plus souvent ils finissent par aller prendre domicile, malgré eux, à la Force, à Poissy, à Bicêtre ; ce sont des malheureux, des gens de rien, que leurs confrères, mieux avisés et d’un rang plus disiingué, regardent avec le pins profond dédain. Or donc, il faut renoncer à vous dépeindre l’Arabe de l’intérieur sous le rapport physique, puisqu’il ressemble à tout le mon ié. Quant à ses traits moraux, il a, sur le principe du tien et du mien, des idées extrêmement avancées ; il ne croit, en fait de religion, qu’aux pièces de cent sous et aux billets de banque; il regarde la société comme un grand tapis vert où l’avantage appartient au plus habile; la mission de l’homme ici-bas se réduit pour lui dans une opération de tvansxàsement d’une poche à l’autre : bien entendu que la poche qui reçoit doit toujours être la sienne. Mais il ne filoute pas ; il ne vole pas; li donc ! Tout simplement, il fait des affaires. Le< Arabes dn désert mêlent, comme on sait, à leurs habitudes pillar des les coutumes U’une patriarcliale hospitalité. La caravane même, objet de leurs convoitises, si elle évite leur rencontre et vient demander un asile à leurs tentes, se trouve, par ce seul fait, sons la garantie d’une inviolabi lité sacrée. Du moment que le Bédouin a partagé sou pain et son sel avec le voyageur, qu’il se disposait à dévaliser, celui-ci n’a plus rien à craindie : il peut dormir parfaitement tranquille. Pour des Buibares, c est agir, vous l’avouerez, avec une certaine délicatesse. L’Arabe de la civilisation ne connaît pas ces ménagemens. Bien loin qu’un repas pris en commun vous mette à l’abri de ses mains sub'iles et crochues, c’est fort souvent les pieds sons la table, dans le laisser-alh-r du dessert, entre la liqueur et le café, qu’il exécute ses meilleurs coups. S'il vous fait partager son pain, son sel et son vin de Champagne, garde a vous, imprudent convive l vous u’êtes pas là, malheureusement pour vous, chez le Bédouin d’Algérie. > Nous employons pour désigner nos voraces amateurs du bien d’autrui, la dénomination d'Arabes, puisqu’elle est consacrée par l’usage ; mais il faut convenir que les fils de l’Atlas ne seraient pas mal fondés à regarder cette assimilation comme une injure. Ajoutez que, chez nos Arabes de l’intérieur, il y a dn juif, et beaucoup. Figurez-vous quel brillant produit peut résulter de la combinaison de cette double nature ; — le Juif et l’Arabe! La grande semaine de 1831) a ouvert devant les Bédouins de l’intérieur, une nouvelle et large voie. Aupaiavant, ils étaient réduits à exercer leur industrie dans la condition privée: c'était misérable, c’était chétif. Encore, la justice, même pour cette exploitation subalterne,montrait-elle la rigueur la plus ridicule. Si, dans ce temps, la commandite, telie que nous l'avons vue fleurir depuis, eût essayé ses talens, les juges de la Restauration au raient été Capables de la traiter comme une vulgaire industrielle de cour d’assises ou de sixième chambre. Le pouvoir d’alors avec ses mesquines idées d’économie, de probité létrécissait déplorablement la carrière de nos digues gens. Aussi, devez-vous concevoir que parmi nos Arabes le besoin d’une révolution se fit généralement sentir. | lEn conséquence, pendant quinze ans, l’Arabe se déguisa en Romain...