Extrait du journal

croyons que la décadence des peuples a son origine dans la confusion des idées, dans l’incohérence des doctrines et dans la corruption des mœurs. Si donc on ne se souvient plus de nos temps de gran deur et de gloire, c'est que la situation ne permet pas qu'on s'en souvienne; c'est qu’une inflexible fatalité pèse eu quelque sorte sur toutes les consciences; c’est que les difficultés du présent sont si grandes, les périls si nom breux qu on n'ose plus regarder 1 avenir d'un œil ferme et l'embrasser dans une pleine liberté d’esprit. Ce n’est pas seulement le malheur de la France; c’est aussi le malheur de l'Europe. Hemarqüons-le bien : toutes ces grandes questions que nous n’osons plus aborder ni poser même, se pré sentent pourtant, non dans la spéculation, mais dans la réalité; elles se pressent ; elles s accumulent. Nous les touchons, pour ainsi dire, du doigt. Du nord au midi, tout s agite et s’ébranle. Combien d’Etats sont exempts de troubles! Combien peuvent pré parer, dans le calme du présent, la paix de 1 avenir? Ici c’est une question de constitution ; là, une question de nationalité. Les royaumes se divisent; des républi ques se déchirent; des sectes se forment au sein de dlfferens cultes: et elles viennent demander à la politique des armes que la religion leur refuse. Quelles seront les solutions de toutes ces questions? Nous ne croy ons pas qu'il soit donne à 1 esprit humain de le prévoir: mais nous dirons hardiment à notre pays, à l’Europe, au monde, qu’il ne sortira rien de certain, rien de stable, rien de fécond de toutes les complications dont nous voyons 1 affligeant spectacle, tant que la France n’aura pas repris son rôle, et qu elle ne sera pas rendue à sa mission providentielle,...