Extrait du journal
se prend à se défier des louanges que pas une critique n’ac compagne, et même ce qu’elles ont de plus mérité revêt à ses yeux le caractère de la, complaisance. Sous ce rapport, tout en respectant le sentiment qui a dicté la notice placée en tête de Jeanne d'Arc, nous pensons que l’amitié de M. Jules Lefèvre aurait pu être mieux inspirée. L’exagération de l’éloge manque parfois le but en le dépassant. Le lecteur n’aime pas qu’on semble d’avance lui commander, lui im poser un culte admiratif, sous peine de passer pour envieux ou borné. Soumet avait, d’ailleurs, un talent assez robuste pour supporter la critique. Ce sont les réputations débiles et factices qui ne peuvent Vaffronter sans s’évanouir et se fon dre comme la neige au soleil. U n’est pas de sujet plus beau, plus national, plus digne d’une épopée française que celui de Jeanne d’Arc. Le mer veilleux y naît de lui-même. La figure de l’héroïne dépasse en intérêt, en sublimes et suaves couleurs, tout ce que l’i magination pourrait créer. Et Voltaire, dans cette admirable page, n’avait vu qu’un prétexte pour Je cyniques infamies ! Ou conçoit à peine qu’un homme, un Français surtout, se soit trouvé pour insulter la mémoire delà libératrice de son pays, pour se faire l’auxiliaire des bourreaux anglais, pour enchérir même sur eux, en polluant, par d’obscènes inven tions, le nom de celle qu’ils s’étaient contentés de vouer au bûcher. Mais si ce hideux délire a droit d’étonner de la part d’un homme isolé, on comprend encore bien moins qu’il ait rencontré des approbateurs et des complices; qu’un cri 4’in dignation ne se soit pas élevé tout aussitôt ; qu’un parti soidisant patriote ait répandu à pleines mains l’ouvrage le plus anti-patriotique qui fut jamais. En d’autres pays, semblable production aurait eu pour récompense la flétrissure du pi lori. Si le pauvre Chapelain fut mal servi par sa muse, si sa Pucelte d’Orléans, malgré quelques bons vers, n’est plus connue que par le ridicule, sa pensée, du moins, fut excel lente. M. Alex. Guillcmin nous a donné, récemment, un poème de Jeanne d’Arc, dont nous avons eu plaisir à louer les nobles inspirations. Toutefois, il y avait place encore pour de poétiques répa rations des outrages de Voltaire. Trois grandes divisions par tagent l'œuvre de Soumet qui, dans son ensemble, ne run-...
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
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