Extrait du journal
vérité. Une des choses qui m’ont le plus frappé à la lecture de ce livre, c’est l’affectation de Napoléon à appeler son pouvoir une dictature et son atten tion à montrer l’enchaînement des faits qui l’ont fatalement élevé à l’em pire pour le jeter à Sainte-Hélène. N’y a-t-il pas là une révélation pré cieuse de la nature de sa mission ! Napoléon ne se sentait pas libre ; il voyait quelque chose de surnaturel dans le rapide mouvement de sa for tune. Aussi accuse-t-il sans cesse une force supérieure qui le pousse, qui l’entraîne, qui le précipite. Cette force, il ne la nomme pas par son nom. Mais qui pourrait ne pas reconnaître la Providence ? Jamais homme, ap pelé à jouer un pareil rôle, n’a commenté aussi clairement, quoique sans le vouloir, sans le savoir peut être, cette admirable parole de l'orateur chrétien : l’homme s’agite et Dieu le mène. Si j’avais à juger Napoléon, je ne voudrais pas d’autres pièces que l’ha bile et intelligente compilation de M. Damas-Hinard. Mais la tâche que je me suis imposée, est plus facile. Je ne veux que choisir parmi ses jugemens et ses opinions quelques-uns d’entre ceux qui s’appliquent plus particulière ment à notre situation présente. De ces jugemens sur les hommes, je ne dirai qu’une chose : C’est que j’ai cherché envain quelques mots d’éloge à l’adresse des généraux, qui dans l’an de grâce 1838 gouvernent l’armée des antichambres du pavillon Marsan. Quoi ! Napoléon qui, suivant l’expression de Kléber, tenait le burin d e l’histoire, n’a point écrit les noms de M. Bernard, de M. Athalin, de M. Baudran, de M. Marbot, de M, Bugeaud ! Voilà-t-il pas un sin gulier oubli ? Napoléon dit quelque part qu’il n’y a que la souveraineté du peuple qui ait été bien définie de son temps. Or, je trouve ailleurs cette définition ; la voici : « Nous avons été constamment guidés par cette grande vérité, écrivait-il au sénat le 5 avril 1804, que la souveraineté réside dans le peuple français dans ce sens que tout, tout sans exception doit être fait pour son intérêt, pour son bonheur et pour sa gloire. » Cette souveraineté là n’était pas gênante pour le despotisme ; et il est facile de comprendre que Napoléon ait pu se mettre à l’aise avec elle. De nos jours on s’est souvenu de la définition du premier consul. C’est encore ainsi qu’on en tend la souveraineté du peuple. Les traditions de l’Empire ont reparu avec la Révolution de 1830 ; et je dirai qu’il y a un grand fonds de vérité dans ce sobriquet de Napoléon de la paix si on l’appliquait au système de gouvernement. On voudrait nous rendre l’Empire moins la guerre, c’est...
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
En savoir plus Données de classification - napoléon
- damas-hinard
- de montalembert
- remechido
- de mérode
- aldea
- homère
- pradt
- bernard
- marbot
- belgique
- france
- europe
- londres
- la haye
- lisbonne
- hollande
- ulm
- berne
- flessingue
- orange
- brunswick
- s. a.
- m6