Extrait du journal
de repos, qui demandent un vautour perpétuel, pourvu que ce vautour sache mordre de mille façons différentes. Pour nous qui voyons de pics le singulier spectacle de notre époque , il noussemble apercevoir un noble malade se débattant tout blessé et tout haletant sur son lit de douleur, vaincu par des tortures au dessus de ses forces, et demandant à chaque médecin une potion qui lui rende la mort moins amère ; il nous semble voir tout notre siècle représenté par cette grande figure impériale que garda six ans prisonnière le rocher de Saintllélène, et qui, dans sa torture inouïe, exilée de tout ce qui fit battre son cœur, demandait à des portraits, à son épée, à des nuages de lui donner des souvenirs ou de lui raconter des espérances. Oui, notre siècle est malade et torturé ; oui, notre siècle ne vit que d’une vie galvanisée, pour l’entretien de laquelle il appelle sans cesse de nouveaux soulagcmcns. Alors à son appel se présentent en foule méde cins et charlatans, tous ont la parole ; ceux-ci veulent le conduire, ceuxlà bercer ses souffrances, et lui accepte tout d’abord, puis il choisit et son souvenir ne garde que ceux dont les paroles lui ont valu quelque repos , ou lui ont montré, chose étrange, la profondeur de quelqu’une de ses plaies, car les hommes qu’il appelle ainsi à son aide ne sont pas hors de lui, car les médecins dont il veut les remèdes sont la chair de sa chair, et malades comme lui, ce qu’ils lui disent est empreint de leur commune douleur. Ainsi pour les trente années de notre dix-neuviéme siècle. Cha teaubriand, Bvron, Lamartine; puis, après eux, toutes ces voix éteintes ou vivantes, racontant les mêmes doutes, les mêmes infortunes , les mêmes misères, sur des tons, avec des accords différons. Jamais tant de souffrances n’ont révélé peut-être plus de poètes, pour la plupart oubliés après leur premier chant, pour la plupart inconnus avant comme après avoir chanté. Cependant dans cette foule qui se heurte et se presse pour arriver presque toute à l’oubli, quelques voix harmonieuses ont dit le ces paroles pleines de mélancolie et de suavité, qui sont restées baumes douloureux dans sa mémoire et dans l’âme de tous ceux qui sentent leurs blessures. Linéiques véritables poètes, parmi tous ceux qui prennent ce...
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
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