Extrait du journal
SÉANCE ROYALE DU 4 JUIN. I/assemblée était debout et découverte. Le Roi s'est assis et cou vert, et par un signe a invité chacun à s’asseoir. Un profond silence a régné. S. M. a pris la parole et a dit : « Messieub s, » Lorsque, pour la première fois, je viens dans cette enceinte, » m’environner des grands corps de l’État, des représentants d’une » nation qui ne cesse de me prodiguer les plus touchantes marques » de son amour, je me félicite d’être devenu le dispensateur des » bienfaits que la divine Providence daigne accorder à mou peuple. » J’ai lait avec l’Autriche, la Russie, l’Angleterre et la Prusse, » une paix dans laquelle sont compris leurs Alliés, c’est-à-dire tous » les Princes de la Chrétienté. La guerre était universelle ; la rccon» cilialion l’est pareillement. » Le rang que la France a toujours occupé parmi les nations n’a • été transféré à aucune autre et lui demeure sans partage. Tout ce » que les autres États acquièrent de sécurité, accroît également la » sienne ; et par conséquent ajoute à sa puissance véritable. Ce » qu’elle ne conserve pas de ses conquêtes ne doit doue pas être » regardé comme retranché de sa force réelle. » La gloire des armées françaises n’a reçu aucune atteinte; les » monuments de leur valeur subsistent, et les chef-d’œuvres des » arts nous appartiennent désormais, par des droits plus stables et » plus sacrés que ceux de la victoire. » Les routes de commerce, si long-temps fermées, vont être » libres. Le marché de la France ne sera plus seul ouvert aux pro» ductions de son sol et de sou industrie. Celles dont l’habitude lui » a fait un besoin, ou qui sont nécessaires aux arts qu’elle exerce , » lui seront fournies par les possessions qu’elle recouvre. Elle ne » sera plus réduite à s’en priver oy à les obtenir qu’à des conditions » ruineuses. Nos manufactures vont refleurir; nos villes maritimes » vont renaître; et tout nous promet qu’un long calme au dehors et » une félicite durable au-dedans, seront les heureux fruits de la paix. >• Un souvenir douloureux vient toutefois troubler ma joie. » J’étais né, je me flattais de rester toute ma vie le pins fidèle » sujet du meilleur des rois ; et j’occupe aujourd’hui sa place ! v Mais, du moins, il n’est pas mort tout entier; il revit dans ce » testament qu’il destinait à l’instruction de l’auguste et malhcu» reux enfant auquel je devais succéder ! C’est les yeux fixés sur » cet immortel ouvrage ; c’est, pénétré des sentiments qui le dic» tèrenî ; c’est, guidé par l’expérience et secondé par les conseils » de plusieurs d’entre vous, que j’ai rédigé la charte constitution» »clle dont vous allez entendre la lecture, et qui asseoit sur des » bases solides la prospérité de l’État. » Mon chancelier va vous faire connaître, avec plus de détail, » mes intentions paternelles. » Mgr. le chancelier a pris la parole et a dit : « Messieurs les sénateurs, messieurs les députés des dépar tements, » Vous venez d’entendre les paroles touchantes et les intentions paternelles de S. M., c’est à ses ministres à vous faire les com munications importantes qui en sont la suite. » Quel magnifique et touchant spectacle que celui d’un Roi qui, pour s’assure r de nos respects, n’avait besoin que de ses vertus ; qui déplore 1 appareil imposant de la royauté pour apporter à son Çei,P',e’ei,u‘S(^.Par vingt-cinq ans de malheurs, le bienfait si désiié d une paix honorable, et celui non moins précieux d’une ordonnance de réformation, par laquelle il éteint tous les partis comme il maintient tous les droits. » 11 s est écoulé bien des années depuis que la Providence di vine appela notre monarque au trône de ses pères. A l’époque de son avènement , la France égarée par de fausses théories, divisée pai esprit d intrigue, aveuglée par de vaincs apparences de liberté, était devenue la proie de toutes les factions, comme le...
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
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