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La Quotidienne, 7 juin 1833

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La Quotidienne
7 juin 1833


Extrait du journal

FRANCE. PARIS, 6 JUIN. SITUATION DU POUVOIR ACTUEL ; SA POLITIQUE.—(2' partie.) ( Voir la Quotidienne du 3 juin.). Si la situation de l’ordre de choses actuel est mauvaise, into lérable, insoluble, sans doute sa politique est fausse, sans habi leté véritable , sans portée ; sans doute elle doit, en définitive, tourner à la honte et à la ruine de ceux qui l’emploient. Mais avec la résolution qu’ils ont prise de se maintenir au pouvoir contre tous les intérêts et malgré toutes les volontés, ils n’ont pas eu le choix de leur système. J,e principe était mauvais, per vers; la conséquence a dû être mauvaise et perverse comme le principe. Qu’ont fait les doctrinaires depuis trois ans? Parvenus au gouvernement de l’état par l’anarchie, ils ont continué à faire de l’anarchie. Au lieu de chercher à adoucir les haines, à mettre un terme aux divisions qui séparaient leurs concitoyens, ils se sont étudiés à envenimer ces haines, à rendre ces divisions plus pro fondes. Leur motif pour agir ainsi se conçoit facilement. Com posant une coterie qui ne voit jamais que son intérêt pro pre, à la fois si égoïste et si mesquine, qu’elle ne peut pas même aller jusqu’à embrasser un intérêt de faction , les doctrinaires, excluant tous les partis de la direction des affaires, à la faveur et sous le manteau d’une révolution qu’ils n'ont pas faite, et qu’ils ont escamotée au nom de l’ordre et du bien public qu’ils n’oht aucunement rétablis, les doctrinaires n’ont trouvé qu’un moyen de prolonger leur règne éphémère, et ce moyen, le voici : ç’a été de présenter le pouvoir actuel à toutes ces parties disjoin tes de la société, à toutes ces forces disséminées du pays, ou comme le complice, ou comme l’exécuteur de leurs vengeances particulières. De sorte qu’on peut dire qu'il n’y a maintenant qu’un seul pouvoir dans l’état, l’anarchie, et que le gouverne ment doctrinaire est son ministre. A l’armée, sinon par ses paroles, du moins par ses actes, il a dit : « Je ne vous donne point de gloire, mais je donne et je » donnerai à l’uniforme sa revanche sur la veste qui m’a fait » triompher. » Et à l’appui de ces paroles inhumaines, impies, qui créent deux peuples dans la même société, il peut déjà citer Pari# , Lyon , Grenoble, Perpignan. Aux hommes de juillet, aux républicains , « il est vrai, dira» t-il, que je foule aux pieds la souveraineté du peuple , au » nom de laquelle vous m’avez fait ce que je suis , il eet vrai » que j'exile vos hommes du pouvoir, et que je n’ai pour eme » que des geôles ; mais j opprime les royalistes , mais je mets » l’Ouest en état de siège, mais je fais couler le sang ven» déen, mais j’ai condamné à la prison une petite fille de » France, mais je l’ai fait arbitrairement comme la Conven» lion ; j’ai même fait plus qu’elle, et j’ai négligé jusqu'à Vappa» rence Ides formes judiciaires. J’ai été à la fois juge, geôlier, » persécuteur et calomniateur d’une descendante de Henri IV , » n’êtes-vous point contens? » Enfin, le pouvoir a voulu faire entendre aux royalistes qu’il était vrai sans doute, que leur principe était- exclu du gouver nement, vrai que leurs amis étaient persécutés, que le sang ven déen coulait, que la mère du duc de Bordeaux se trouvait prison nière dans une bastille, que le pays souffrait, mais il a ajouté à cela, que le principe de la souveraineté populaire était méconnu, que les hommes de juillet éprouvaient les effets de la haine doc trinaire. Et pour prix d’un tel résultat, pour prix du malheur d’anciens ennemis, le pouvoir demandait aux royalistes de se rapprocher de lui. Pour les iudifférens, le pouvoir doctrinaire a fait valoir auprès d’eux la lutte acharnée qu’il soutient contre tous les partis, et il a représenté comme un effet de son amour pour l’ordre, ce qui n’était que l’effet de son isolement profond et de Vanarchie au milieu de laquelle son système anarchique, par origine et par essence, se trouvait nécessairement placé. Nous n’avons pas besoin d’insister sur l’immoralité de ce plan, qui consiste surtout à mettre en mouvement les passions hai neuses, les passions mauvaises des partis, et à leur offrir en compensation des maux qu’on leur cause, les maux qu’on fait subir aux partis contraires. Ce que nous avons à constater, ce sont les résultats actuels et la conséquence dernière d’un pareil système. Un peu après juillet, après une révolution oti le pouvoir qui se montre aujourd’hui si hostile à la classe populaire, qui traite les ouvriers de barbares, a dû son élévation aux ouvriers qui com battaient et mouraient pour une cause qui n’était pas la leur, il est possible qu’au milieu des passions encore allumées, le lende main d’une collision entre le soldat et l’ouvrier, cette politique immorale ait eu quelques chances de succès auprès de l’armee, et qu’elle ait produit quelques-uns des effets dont on a eu le cou rage de s’applaudir. Mais aujourd’hui, ce meyen est usé, et 1 es prit généreux de l’armée le repousse comme une flétrissure. Go ne sont point les rues de nos villes que l’armée demande pour champs de batailles ; elle n’a d’autres ennemis que ceux de la France. Un pouvoir habile aurait trouVé d’autres compensations, de plus nobles compensations à lui offrir pour les humiliations dont l’uniforme a été l’objet en juillet. Ce n’est point à Grenoble, à Lyon, en Vendée, à Perpignan qu’il auraitmené nos soldats, c est au Rhin. Si donc le système actuel dispose de l’armée , il ne le doit qu’à une seule cause, indépendante de lui-même, antipathi que à ses propres principes; il le doit & cette discipline établie par l’Empire, conservée par la Restauration. Les gommes iqui ont prêché pendant quinze ans l’intelligence des baïonnettes en sont maintenant à ne s’appuyer que sur l’obéissance pasÿygi G une grande marque de la dissolution de leur nouvriY<£l tfu "ipstf de fonds qu’ils peuvent faire sur l’armée. Ce qu’ils prennent pour du dévouement n’est Que de la discipline. On obéit au mot d’or dre sans amour, sans enthousiasme, sans sympathie pour ceux...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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