Extrait du journal
FRANCE. PARIS, 9 AOUT. La presse dynastique ressemble un peu en ce moment ;T la bar que oii Dindurant eut le malheur de rencontrer Panurgc. Un journal, embarrassé apparemment de fournir sa carrière quotiI dienne, s’avisa d’écrire un matin : le parti royaliste est mort ! ! Et tous les journaux de sauter... nous voulons dire d’écrire comme lui. Nous pourrions nous contenter de celte simple réflexion pour toute réponse ; mais il n’y a pas de parole si déraisonnable ou [ d’action si irréfléchie, qu’il ne soit possible d’en faire l’occasion 1 d’observations sérieuses et de les ramener ainsi a des vues de bon ; sens et d’utilité. Le parti royaliste est mort... ou du moins il sc transforme, dit| on avec un sentiment dont nous ne nous rendons pas bien compte; | car nous ne connaissons pas un intérêt légitime qui puisse 15c réjouir de la mort du parti royaliste, ni une opinion sincère qui doive applaudir à sa transformation, telle qu’il plaît aux journaux dynastiques de la faire. Que le parti royaliste soit vivant, c’est ce que nous prouvons tous les jours par nos publications. S’il n’y avait plus de parti royaliste, nous n’écririons plus. Nous nous sommes mis, par une mesure récente, plus en posiliou que personne de connaître, de sentir tout ce que le parti royaliste a de vie et de force, tout ce qu ii trouve de fécondité et de ressort dans sa nature ; tout ce qu'il embrasse dans son action d’étal, de conditions et de situa tions diverses ; et nous pouvons dire à nos adversaires, comme à nos amis, que l’expérience est bonne, qu’elle portera de bons fruits. Si d’ailleurs le parti royaliste se transforme, c’est qu’il vit. Nos adversaires n’ont pas pris garde qu’ils détruisaient leur première proposition par la seconde. Ils ont répondu pour nous sans le savoir. 11 est vrai de dire, en général, qu’un parti, c’est une nation dans la nation; mais il est aussi vrai que le parti royaliste c’est la nation même avec ses mœurs, avec ses traditions, avec ses incli nations; en un mot, avec tout ce qui fait son caractère, sa cons titution morale. Les partis suivent donc la loi des nations, qui est la loi de l’humanité tout entière. Ils se transforment comme tout ce qui a été créé pour vivre. be Hugues Capet à Louis XVI, ,T Louis XVIII, la nation française s’est transformée constamment par un mouvement tantôt lent, tantôt rapide, mais jamais interrompu. Le parti royaliste s’est transformé connue elle et avec elle. Si la nation, au temps de Henri IV, n’était plus ce qu’elle avait été au temps de PhilippeAuguste, !e parti royaliste de la minorité de Saint-Louis différait par la même raison du parti royaliste de la minorité de Louis \III eu de Louis XIV. Nous pourrions, sans avoir à en rougir, avouer que le parti royaliste se transforme. Nous ne le faisons pas cependant. Pour quoi? parce que cela n’est pas ; et cela n’est pas, parce que la so ciété elle-même ne s’est transformée ni pour passer, ni en pas sant de la Restauration à la Révolution de juillet. Il n’y a point d’intérêt général et permanent du pays, point de besoin social, point de penchant public, point d’idées raisonnables et justes que le parti royaliste n’ait accepté avec sincérité dès le jour où par le retour de la monarchie légitime, il a été permis aux opinions...
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
En savoir plus Données de classification - henri iv
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