Extrait du journal

PARIS , 1U FEVRIER. J’aime la franchise des rédacteurs du Globe. En s’expliquant de bonne foi , en s’attaquant à la dynastie elle-même, ils déchirent enfin publiquement le voile d’hypocrisie dont lés aut>es écrivains libéraux se tenaient honteusement enveloppés. Avec de tels adversaires , la polémique est facile, et elle peut être profitable ; nous ne parviendrons jamais , sans doute, à nous entendre , mais du moins nous nous comprenons déjà parfaite ment. Dans leur fameux manifeste d’hier, ils nous repré sentent la France comme comparant sans cesse les Bourbons aux Stuarts, Charles X à Jacques II. Les Bourbons , disent-ils, imposés en 1814 par la victoire étrangère, furent reçu par la France avec hésitation et avec effroi Ils furent brisés comme verre, en 1815, par la nation en colère, qui reçut le transfuge de l’île d’Elbe comme un libérateur Sans la restauration du 8 juillet 1815, bien forcée par les bayonnettes étrangères, les Bourbons mourrai, nt dans l'exil. Et pour prouver que cette disposition hostile n’a point change depuis lors, ils ajoutent : les esprits pen chent tour à-tour, selon le danger ou la sûreté de la Charte, vers un changement de dynastie ou au main tien de la maison régnante. Que la tendance des esprits soit telle que ces écrivains nous la dépeignent, je le nie; ce serait un fait terrible qui placerait la France dans le der nier péril; mais leur article nous signale un dan ger réel et très-grave; c’est qu il soit permis d émet tre 1 opinion que le droit d hérédité à la couronne est parmi nous susceptible de controverse. Ce n est donc pas à la France, mais à eux seuls que je demandez ai : Puisque vous n’accordez pas une valeur absolue aux droits légitimes que la dynastie actuelle tient de ses ancêtres ; à quelles conditions lui accorderez vous du moins l’exercice de ses droits ! votre article répond : « Le maintien de la charte. » Mais alors, pourquoi menacer le trône, pour quoi le déclarer en danger? La Charte n’est-elle pas maintenue ? n’avons nous pas deux Chambres, des ministres nommés parle Roi, la liberté des cul tes, celle de la presse ? Y a -t-il eu rien de changé au texte de cette loi depuis le jour ou elle fut octroyée? Et, alors même que des modifications eusAit été proposées ou exécutées, le Roi est il responsable.’ Son inviolabilité n’est-elle pas un prin cipe admis généralement par tous les publicistes libéraux ! Ne sont-ils pas convenus de placer dans tous les cas, en dehors de la discussion et de la Charte, le Monarque, que nous, royalistes, nous plaçons plus respectueusement au dessus? Et, d ailleurs, l’existence de la Monarchie tien drait elle à l’intégrité de la. Charte? Si, un beau jour il plaisait aux deux tiers des députés de res...