Extrait du journal
croient qu’à leur raison et à leur loi ! On dirait qu’il n'y a plus là de gens capables d’entendre le sens de ce mot de souveraineté ! Ils ne savent ce qu’est la raison, ni ce qu'est la loi! Ils confondent la 'oi et les lois, la raison universelle et leurs minces raisons ! Le langage pour eux est sans valeur. Quelle pitié ! Dans cette situation la réforme est certainement impossible, et aussi jamais nous n’y avons cru. Si nous étions sous une loi souveraine, et non point sous un or dre de lois faites, défaites, refaites, toujours à faire, nous appel lerions la réforme sur des abus absurdes et des contradictions pal pables. La loi souveraine suppose un principe inviolable., et par conséquent une autorité non contestée. Dans cette condition les lois inferieures ou d’application se peuvent modifier sans péril; car elles laissent la constitution intacte. Mais là où la loi fondamentale est elle-même une loi faite, par conséquent une loi soumise à la révision, la réforme est impossible, à moins qu’elle ne soit une immense destruction. Et c’est bien ce que pressentent les esprits les plus bornés par leur seul instinct de conservation égoïste. C’est pourquoi ce mot de réforme les fait trembler. Il n’y aura donc de réforme que dans le retour d’une loi sou veraine, qui serve de règle à toutes les lois. La réforme électorale en particulier, suppose l’établissement d’une force centrale, capable d’associer puissamment tous les intérêts de même nature, sans jamais faire jaillir de leur contact des conflits funestes. Appeler les hommes au droit, universel d’é lire, sans leur montrer une loi souveraine qui règle leur action, c’est aggraver le droit révolutioun dre H en faire un affreux pé ril, au lieu d’une sauve-garde. Nous pouvons dire pourtant que la réforme, même à ce point de vue fatal, est encore logique, une fois le principe révolutionnaire accepté. Mais nous ne voudrions pas pousser le monde à la dernière limite de la conséquence ; ce serait le pousser au fond des abymes. Que faire donc? Prouver que la société ue peut se tenir ainsi dans les airs, que la confis cation du droit électoral au profit du plus petit nombre est une énormité, et que si cette énormité ne peut être réformée par le développement du droit révolutionnaire sans produire la ruine, il faut la détruire par le retour à un principe d’autorité, qui rende naturel l’usage le plus complet de la liberté. Voit à notre réforme ! Si M. Arago et M. Garnier-Pagès, la présentaient sous cet aspect, ils auraient dans la chambre et dans le pays une immense action, et leur talent et leur esprit ne s’étaleraient pas en pure perte dans une chambre sans intelligence, et ne seraient pas exposés à être vaincus par l'éloquence campagnarde de M. Bugeaud. Nous ne savons pas pourquoi les journaux dynastiques, minis tériels ou non, se sont abstenu de parler d’une phrase que M. Thiers, a prononcée dans l’un de ses trois ou quatre discours sur la question algérienne, phrase qui a une signification grave, une grande portée, et qui veut avoir un retentissement prolongé dans le monde politique. Moi, a dit M. Thiers, en s’adressant à la chambre, moi, à qui \oi s avez confié, l'insigne honneur de veiller aux intérêts du pays! Quelques uns, et nous sommes de ce nombre, croient avoir en tendu : l’insigne houncur de présider; mais nous nous en tenons à la version du Moniteur. Ce n’est peut-être pas la plus exacte; c’est au moins la dernière. Est-ce que cette phrase, qui agite encore les salons politiques, ne méritait pas un peu de l’attention des publicistes de la dy-...
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
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