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La Quotidienne, 21 avril 1828

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La Quotidienne
21 avril 1828


Extrait du journal

chambres. Un projet de loi leur est soumis, un projet qui met en rumeur toutes les opinions . qui doit taire éclore une foule de discours. qui va diviser ardem ment les votes. Il ne s agit plus de pétitions , d'élec tions , de reproches contre le dernier ministère; il est question de réformer une législation déjà vieille au moins de six ans , ce qui est énorme , et d’en former une nouvelle qui puisse aussi se promettre quelques années d existence. Le devoir de 1 administration est d apporter à chaque session législative les prnp isitions que le cours des évéiiemens a vendues nécessaires pour rassurer des intérêts alarmés on compromis . pour satisfaire îles besoins qui sont survenus, pour raffermir les parties du gouverne ment qui paraissent affaiblies . pour replacer la force iâ où elle manque , la sécurité la où elle est troublée. 1) apres cela , il est permis de douter qu’en regar dant attentivement la société et les mouvemens qui s’y manifestent le ministère n ait pu rien trouver de plus pressant . rien qui réclamât des secours plus prompts que la position des journaux ; mais il semble que le monopole des travaux législatifs appartienne à la presse périodique. Chaque législature a dû employer à ce ■oijet son temps et ses paroles. Chaque ministère a voulu essayer sur cette matière scs idées et ses concep tions : cela se conçoit. Quelque idée différente qu’on misse se faire de la puissance des journaux , soit qu’on euv accorde la direction souveraine des opinions et le pouvoir de les égarer , de les pervertir . soit qu’on les regarde seulement comme 1 expression des partis , comme le tem lignage du degré de chaleur au juel ils sont arrivés , toujours est-il que leur langage répond ailes pensées générales . leur existence à des affections publiques. Le qu’on fait pour eux on contre eux est donc facilement Compris de la multitude ; les opinions y voient ceqti elles peuvent espérer, cequ’clles peuvent craindre. Dans les dispositions qu’a préparées l'autorité, on cherche , moins peut-être ce qui peut en résulter pour les intérêts particuliers quelles concernent , que la pensée qui les a dictées. Si onia trouve complai sante , facile , caressante , portée aux concessions , flattant les préventions populaires , sollicitant un peu de reconnaissance . on juge que l’autorité ne compte plus sur sa force, qu’elle veut gagner du crédit, que Je pouvoir s'est fait en quelque sorte candidat; qu'ainsi on peut avec avantage entrer en marché avec lui. Chacun sait parfaitementcomment se mènent ces tran sactions. On reçoit d’abord ce qui est offert, sans se trop engager dans les rcmercieinens ; puis on exige , on gagne du terrain , on ajoute chaque jour aux con ditions du traité; on emporte pièce à pièce tout ce qui fait obstacles , et lorsque les choses sont arrivées au point où l’autorité n’a plus de sacrifices à faire sans se dépouiller completteinent , on s’écrie violemment contre scs refus, on l’accuse de caprice , de tyrannie , d injustice , de tromperie ; c’était , dit-on , un piège qu elle avait tendu h la bonne foi ; elle promettait sans vouloir tenir. On reproche la ruse à ceux qui ont été dupes, ce qui est toujours un excellent moyen de dis cussion ; et, pour prix de toutes ses avances , de ses intentions complaisantes , des abandons successifs qu’il a fallu faire , le pouvoir entend s'élever contre lui des clameurs enhardies par le succès, affamées par les pre mières satisfactions qui leur ont été données , et contre lesquelles il n’a plus rien pour se défendre. Voyons maintenant ce qui s’est passé. La loi de 1822 sur la presse périodique avait voulu être fortement répressive. Tous les moyens étaient-ils bons? On peut le contester; mais enfin elle avait ce caractère, et chacun l’avait senti. Il a fallu toutes les fautes du der nier ministère pour faire cesser les effets de cette con viction générale, et encourager le désordre sous une législation qui avait au moins l’intention d’être sévère. Trois dispositions surtout manifestaient cette volonté : celle qui 11c permettait pas de créer des journaux sans 1 autorisation du Roi ; celle qui autorisait les cours royales à suspendre pendant quelque temps et à supprimer, eu cas de doublé récidive, un journal convaincu d’une tendance coupable; celle enfin qui permettait d’établir la censure dans l'intervalle des sessions, s'il survenait des circonstances graves. Ne cherchons pas ce qu’eu d’autres mains auraient pu...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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