Extrait du journal

— Je dicterai les termes du serment, reprit Joseph d'une voix sombre. —Non , que ce ne soit pas toi. — Et pourquoi ? si lu es iiiiiccent, comme tu le prétends, tu n’as rien à craindre d’elle. — Je ne crains rien de la part des morts ; conduisez-moi. — Tandis que cela se passait dans un coin de la chapelle, une scène non moins effrayante avait lieu à l’exlrcmilé la plus reculée du souterrain. Rosiia y avait conduit Georgina; celle-ci, brisée, égarée, n 'essayait pas de résister, lie com prenait plus tien à tout ce qui se passait autour d’elle. La jeune Bohémienne regarda un instant sa rivale; le chagrin, la surprise, l'égarement se peignaient dans ses yeux; elle ne sait pas en quel danger elle se trouve, elle ignore qu’elle est au moment de périr. Ah ! si elle pouvait prier, Puis-je prier pour elle, moi qui vais lui donner la mort ? Mes prières ne sauraient être exaucées. Cependant, la jeter dans l’éternité sans préparation, sans la recommander à la miséricorde di vine, ce serait un dwnble crime. Je ne dois pas la regarder, ma main tremble, mon poignard m’échappe. Il faut que je pense à ce que m’a dit Henry ; je lui ai tout fait perdre ; il me maudira sans cesse ; pour lui t endre les domaines de ses ancêtre* ; il faut qu’elle meure. Oli ! mon Dieu! elle reprend ses sens. Je ne puis plus la happer. Ce fût pour Georgina un terrible moment lorsqtt’en re prenant connaissance, lorsque rouvrant les yeux, le premier objet qu’elle aperçut, à la fai b e lueur qui perçait à peine les ténèbres du souterrain, ce fût l’acier brillant dans h main de Rosiia. La frayeur acheva aussitôt de lui rendre l’usage tic la raison. Elle se jetta aux pieds de la Bohémienne. — Grâce, grâce ! Quel rêve ai-je fait ? et je m’éveille pour...