Extrait du journal

Troisième et dernière Lettre à M. DE LAMARTINE, à l’occasion de son poème intitulé : LA CHUTE D’UN ANGE (1). Dans cette dernière lettre, je n’aurai plus à m’occuper de votre poème ; je veux m’arrêter à des considérations politiques, et, sous ce rapport, je ne trouve rien à juger dans votre récent ouvrage. Je ne regarderai pas comme de la politique les préceptes de fraternité contenus dans la partie de votre poème qui porte le titre de Fragment d'un Livre primitif : votre solitaire du Carmel rêvait le beau idéal des constitutions humaines, la réalisai on du parfait bonheur sous le soleil; il ne prenait pas les so ciétés avec leurs vices, leurs passions et leurs misères ; mais il se les re présentait comme un paisible troupeau de douces brebis broutant l’herbe de ce monde sous la boulette du pasteur. Ces tranquilles félicités ont pu être promises à l'homme avant sa chute ; mais l'homme tombé est con damné à subir d’autres destins. Je n’appelle donc pas cela de la politique : vous-même, vous ne prenez pas cela au sérieux, et vous n’y voyez sans doute que les lointains souvenirs d’un paradis perdu. Si donc je n’avais en vue ici que votre poème, il ne me resterait plus rien a dire ; mais j ai voulu essayer de définir votre situation, et comme, après le poète et l’homme religieux , on trouve aujourd'hui en vous l’homme politique , il faut bien que je parle politique pour achever ma tâche. Vous appartenez à cette grande opinion qui regarde le principe de la légitimité comme une fécondé et magnifique garantie dans les états. Vous saviez que la nationalité française est née au soutle de la royauté; vous saviez tout ce que la royauté a fait pour la France , tout ce qu’elle lui a donné de force, d’honneur, d’indépendance, et votre patriotisme n’a point déserté le souvenir de nos vieilles gloires monarchiques. Votre vie, vos penchans, vos instincts, vos plus chères amitiés, tout est royaliste en vous; te culte pour les anciens autels de la patrie se rattache à ce qu’il y a de Plus doux, de plus pur, de plus beau dans vos jouis passés. La lyre qui a lait votre gloire est toute royaliste, car ce que j’appelle royalisme en Frante, ce n’est pas une simple couleur politique, couleur fugitive, forme val ue d’une périssable institution ; le royalisme , c’est la plus haute expres sion sociale de ce qu’il v a de bon, de juste , de généreux et de moral ; le royalisme est une sorte d’évangile politique renfermant en soi tout ce qui Peut entretenir chez un peuple les grandes pensées, les nobles ambitions, tout ce qui peut l’aider à atteindre son plus haut point de fortune et de splendeur. Nous ne voulons pas dire qu’il n’y ait hors de là ni vertu , ni morale; de nobles sentimens, de généreux instincts peuvent se rencontrer dans des rangs qui ne soient pas ceux du royalisme; mais on doit I ullii mei hardiment parce que c’est de l’histoire , le royalisme est le principal et l’admirable gardien de toutes les bonnes et les grandes choses dans notre pays. Vos prédilections monarchiques sont écrites dans vos œuvres Le jour °ù du sang d’un martyr naquit l’enfant de la providence, vous admiriez CPsjeux du sort, ces merveilles divines, et vous ouvriez à ce berceau un avenir triomphant. Quand vous meniez votre muse à Sainte-lléiène, a ce (1) Voir les numéros de la Quotidienne du 27 mai et du 6 juin....