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La Quotidienne, 23 mai 1842

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La Quotidienne
23 mai 1842


Extrait du journal

ce point, nous nous appuierons de l’opinion d uu homme de talent et de sens, qui a fait une étude particulière du théâtre, et qui est victime, depuis dix ans, du fatal système d’exclusion arbitraire qui régit la Comé die-Française; celle opinion, c’est celle de M. Victor, qui a tenu long temps avec éclat l’emploi des premiers rôles tragiques. Voici ce qu’il dit dans un article dont nous ne partageons pas toutes les doctrines, mais dans lequel se trouvent d’excellentes observations : « La représentation nationale fournirait au ministre les moyens de re» lever et de soutenir l’art dramatique, en accordant aux grands théâ. très des secours sur le budget ; malheureusement les affaires de théâtre » sont traitées avec les procédés de bureaucratie communs à toutes les . autres. On les dirige dans des vues d’ordre administratif, de compta. bilité et de police ; et la question capitale, la question d’art est celle • dont on s’occupe le moins. Je crois que si la chambre des députés, > lorsqu’elle vote en faveur des théâtres royaux les subventions qui lui . sont demandées annuellement par M. le ministre de l’Intérieur, veillait . à ce qu’il en fût fait un emploi artistique, il pourrait en résulter un » grand bien ; il appartiendrait à nos représentais d’user de leur crédit . auprès de l’autorité ministérielle pour l’engager à accorder à celte • question toute la sollicitude qu’elle mérite. » Laissons pour aujourd hui de côté la question de la subvention, le mo ment viendra bientôt de la traiter à fond. Aujourd’hui, occupons nous d’un début qui n’a pas été sans intérêt, et qui peut devenir de quelque importance. L’emploi qui manque essentiellement à la Comédie Française, depuis la retraite de Menjaud, c’est l’emploi des grands premiers rôles. Le ré pertoire en souffre, et la Gomédie ne peut pas se passer de cet emploi-là, du moins la haute comédie, car la comédie de genre va avec tout ce qu’on veut, et, du reste, son sort ou son avenir nous intéresse assez peu, il y aura toujours assez de théâtres pour la jouer. Il est bien démontré que M. GtTlroy, malgré son intelligence, ne peut pas tenir le grand emploi, la nature de son talent s’y refuse. M. Perlier est résolu à abandonner les , premiers rôles et, soit par nécessité, soit par calcul, il change d’emploi. M. Firmin convient parfaitement aux premiers rôles qui n’exigent que de la grâce, de la distinction et de la chaleur, mais il faut nécessairement quelqu’un qui remplisse les conditions d'ampleur, de grande tenue et de représentation, de ces grandes figures de caractère, dont Alceste, Don Juan, Gléun. le Métromane, le comte de Tufière, Moncade et tant d’au tres sont l’expression. Un acteur en état déjouer ces rôles là,n’est pas aisé à trouver, ce n’est pas trop le fait ti’un commençant, et il ne faut pas s’at tendre à ce qu’il en vienne de la province, où i’on ne joue plus la bonne comédie , ni du Conservatoire ou personne n’est en état de le former. On ne peut donc en espérer que des petits théâtres, où quelquefois il se trouve des natures privilégiées, des talens d’exception, qui pourraient convenir à notre première scène ; ainsi, Gonthier et Lafont, avec des étu des plus spéciales, auraient pu arriver à cet emploi. Si un entêtement stupide n’avait pas depuis 10 ans repoussé Frédéric de la scène française,et si des découragemens sans nombre, n’en avaient pas éloigné Bocage, ce théâtre aurait aujourd hui, nous n’en doutons pas, deux premiers rôles d’un mérite distingué. Enfin, voici venir un jeune homme, doué d’un extérieur convenable, et remarquable par une grande aptitude ; il a coin-...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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