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La Quotidienne, 24 décembre 1846

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La Quotidienne
24 décembre 1846


Extrait du journal

j’acceptai et priai cette personne de dire au prince que j’étais à ses ordres. J’exprimai seulement le désir d’être prévenu huit jours à l’avance, afin de faire mes préparatifs et me mettre dans les meilleures condi tions pour mener cette entreprise à une fin heureuse. Il me fut répondu que l’événement n’aurait point lieu avant une quinzaine. Mais des circonstances impré vues déterminèrent le prince à hâter son départ. Des propositions lui avaient été faites qu’il repoussa avec énergie comme incompatibles avec son honneur. Des tentatives de séduction avaient eu lieu vis à vis de plusieurs officiers-généraux qui, animés de la même pensée que le prince, préférèrent, à la perspective d’un avenir assuré, les chances incertaines de l’exil. Tout faisait penser que la liberté des uns et des au tres serait plus restreinte encore. Le prince détermina son départ pour le 13 septembre au soir. Ce fut le surlendemain de la communication qui me fut faite que le 14 septembre, à midi, je reçus un avis par le quel on m’annonçait que le prince serait remis entre mes mains dans la nuit du 14 au 15, entre minuit et cinq heures du matin. Le rendez-vous m’était donné à ****, maison de campagne située dans les terres, à deux lieues de la ville de ***. Je n’avais donc que quelques heures, et en vérité ce n’était pas trop pour les préparatifs que nécessitait un semblable voyage. A dix heures du soir, j’étais à mon poste. A quatre heures du matin, le bruit d’une voiture se fit entendre, et j’avais à peine eu le temps d’ouvrir ma porte que le prince, conduit par le maître de la maison, entra dans mon appartement. Son air joyeux, sa contenance assurée furent pour moi d’un heureux augure. Ma voiture s’attelait avec les chevaux de celui qui m’avait donné l'hospitalité, et lorsque je deman dai où étaient les bagagesdti prince, le comte do Monteaiolin me remit lui-même un petit paquet conte nant, pour tous vêtemens, deux chemises, un panta lon, deux cravates : Bagage de soldat, monseigneur, dis-je au prince, —Ma vie de soldat, d’exilé, ne m’a point accoutumé au luxe. D’ailleurs nous avons à voya ger rapidement et nous ne seront point embarrassés par ce que César appelait impedimenta. — La voiture est prête, monseigneur, — Montons, dit le prince, et il prit avec une grâce parfaite, avec une affectueuse cordialité, congé de ceux qui l’avaient reçu pour quel ques minutes. Tout le succès de notre entreprise, monseigneur, dépend de la rapidité de notre course, mais surtout du temps pendant lequel sera gardé le secret de l'é vasion de V. A. R. Pendant combien de temps les au torités de Bourges l’ignoreront-clles?—Pour sûr, trois jours, peut-être quatre.—Si nous n’avons aucun accident, quarante heures nous suffisent pour être hors de France, et nous arriverons, monseigneur, soyez sans inquiétude. — Je n’ai aucune crainte, et d’ailleurs, si je suis arrêlé, mon évasion serait une éclatante protestation contre les mesures prises con tre moi, mesures iniques, contraires au droit des gens,...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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Données de classification
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