Extrait du journal

y a de beau dans tous les temps et dans tous les lieux, on n’abandonne pas ces fausses combinaisons dramatiques , que trop souvent l’on arrange pour la scère , et qui n’ont aucun rapport avec la nature et la vérité , hors des quelles il n’y a , il ne peut y avoir de véritables succès que l’on ait naturalisé la pièce sur un théâtre de mélodrames où l’on se montre peu scrupuleux sur le choix des moyens , et où l’on cherche toujours plutôt à frapper fort que juste , cela se .conçoit ; mais sur un théâtre français , sur un théâtre ré gulier , il faut procéder autrement. Expliquons en deux mots le sujet. Un jeune homme d’une des premières familles aune petite ville d’Allemagne est devenu amoureux déjà fille d’un musicien , honnête homme , mais pauvre. Les jeunes gens s’aiment avec toute la candeur du premier âge, avec toute la ferveur de l’innocence. Tout entiers à leur passion ils 11’ont pas calculé les obstacles ; ils n’ont point vu la barrière insurmontable que les préjugés ont élevée entre eux. Le prési dent, père du jeune homme , est rempli d’ambition et d’orgueil ; il a dû sou élévation à des moyens que l’honneur ne peut avouer, et il songe à agrandir sa fortune par une alliance avantageuse pour son fils et pour luiL’occasion s’en présente. Des considérations politiques forcent le prince à éloigner de lui une femme avec laquelle l’opinion publique lui suppose des rapports intimes ; mais il veut en s’en séparant qu’elle contracte un ma riage qui lui assure une position dans la socie'té. Le président n’est pas homme à reculer devant de petites considérations d’honneur, il voit dans ce mariage une occasion d’augmenter son crédit, il ne balance pas à d ar rêter pour son fils, bien éloigné de soupçonner les résistances qu’il va ren contrer. On lui apprend que son fils est épris d’une violente passion pour la fille d’un musicien ; il sourit do pitié quand on lui parle de cette passion connue d’un obstacle. Toutefois il est bientôt forcé de changer de langage ; vainement il a recours aux moyens de rigueur ; vainement il veut faire en lever le père et la fille ; son fils les protège et les couvre de tout l’ascendant que lui donne sur son père, non-seulçment sa passion , mais la possession...