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La Quotidienne, 25 avril 1832

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La Quotidienne
25 avril 1832


Extrait du journal

ville dépouillait les chaudes fourrures ; les fraîches et délicates parures re venaient à la fois, tout était frais, riant, animé, doucement passionné, rien n’étsit trop beau pour nous autres heureux de ce monde. Le jeune homme jetait au vieillard son manteau de l'hiver; pour une fente, pour une tache au panneau d’une voiture, on réformait sa voiture. Pour un faux pas de son cheval, ou changeait son cheval. Voyez sur la route de Longchamps, au vendredi saint, quel mouvement, quelle foule, quelle joie, quel luxe ! Le» plumes, les fleurs, la gaze, la soie, le ruban qui se joue dans l’air; et, plus bas, la foule à pied, en robe neuve , l’indienne, le cachemire français , le bonnet rond et le tablier de la grisette ; ces joies d'en haut, ces joies d’en bas qui se confondent, qui se regardent, qui s’applaudissent, qui se com prennent. Ce mouvement qui est partout, cette vie qui est partout, tout ce‘ ‘ -, le- ‘ ‘ ‘ , __ soleil : qui nous rendra les beaux jour Longchamps? 4 Car, dans la vie d'un grand peuple tout sc tient, toutes les joies se tien nent par la main, comme aussi toutes les douleurs. Otez une seule de ses fêtes a la Grèce, une seule tragédie de Sophocle, par exemple, cc n'est plu» la Grèce ; on demandera pourquoi cette tragédie a manqué et sous quel ar chonte elle a manqué. Otez à Paris son Longchamps, rien que la promenade des trois jours, et si Ton vous demande pourquoi Paris n'a pas eu de Longchamps, vous verrez quelle affreuse réponse cc sera ! Pourquoi Paris n’a plus de Longchamps, le savez vous ? parce qu’il n’y a plus ni arts , ni poésie , ni fortune , ni bonheur, ni repos pour Paris. Parce que l’espoir n’est plus dans aucune âme, et que nous n’osons plus rien prévoir , pas même les fêtes du printemps, parce que les joies les plus innocentes nous sont interdites par la misère publique. Parez-vous donc, lorsque les malades manquent de lits ; allez en voilure , quand la voilure des morts ne leur suffit plus ! Ouvrez votre sein et votre âme au premier souffle du printemps , quand ce souffle est empoisonné ! Peneliez-vous avec amour sur le front de votre jeune femme, pour découvrir sur cc frêle vi sage le cercle noir de la contagion ! Tout manque pour Longchamps ; jus qu'aux prières du soir aux saints lieux, quand, après les joies delà jour....

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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Données de classification
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