Extrait du journal
plus grand nombre de lecteurs possible; or, ce n’est pas la passion, c’est l’intelligence qui ramène les adversaires et multiplie les amis; la passion ne sait rien fonder; l’intelligence seule sait conquérir. Voulant examiner aujourd’hui votre situation de poète, je me demande quels ont été les sujets des chants qui vous ont valu une renommée Eu ropéenne, et je vois d’abord que toutes vos mélodies ont roulé, non point sur les événemens dont les histoires de la terre sont remplies, mais sur (L*s sujets qui sont toujours là, sur Dieu, l’homme et la nature. C’est delà que sont partis vos hymnes de douleur ou d’admiration, vos sanglots et vos extases, vos soupirs et vos joies, votre désespoir passager et vos espérances immortelles. Vous aviez pris la grande part en choisissant pour vos inspirations Dieu, l’homme et la nature. Ces trois sujets forment i’universalilé de ce qui existe, énigme magnifique qui occupera toujours les fugitives intelligences d’ici bas ; permettez-moi de m’arrêter un mo ment à ces trois sujets les plus grands sur lesquels puissent s’exercer la méditation et l’étude. Quand l’homme ouvrit les yeux pour la première fois, le désir soudain de son âme fut la recherche de l’auteur de ce qu’il voyait ; il chercha Dieu au milieu des radieuses étoiles, dans les splendeurs du soleil et l’azur du firmament ; il chercha Dieu dans les riches vallées, sur la rime des monts et dans la profondeur des forêts; il crut l’entendre, tantôt dans la nue d’où s’échappait la foudre, tantôt dans le mugissement de la tempête, et aussi dans les paisibles harmonies des bois. Des révélations primitives avaient enseigné à l’homme que ce qu’il voyait, ce qu’il entendait n’était pas Dieu, mais l’œuvre de Dieu; toutefois sa piété reconnaissante et son admiration l’entraînaient à la recherche du père universel. Plus tard, lorsque les lumières primitives s’effacèrent dans le monde, lorsque l’idée du Dieu unique, intelligence éternelle, se perdit à travers les désordres de la terre et dans les migrations humaines, l’adoration remplaça l’admi ration en présence du spectacle de l’univers ; les choses créées usurpè rent la gloire qui revenait au Créateur, et l’œuvre détrôna l’ouvrier. Puis, dans un autre ordre d’aberrations, l’enthousiasme, l’amour ou ia peur imaginèrent une divinité à côté de chacun des bienfaits de la créa tion, à côté de chacun des phénomènes de la nature, et les passions ellesmêmes prétendirent au divin diadème. Ainsi naquirent le panthéisme et la mythologie. La philosophie de l’Inde, de l’Egypte et de la Grèce perça...
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
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