Extrait du journal
POLITIQUE GENERALE. Voici, du message de M. le Président de la Répu blique, lu dans la séance d’avant-hier de l’Assemblée nationale par M. le ministre de l’intérieur, la partie essentiellement politique. Son importance nous fait un devoir de la mettre immédiatement sous les yeux de nos lecteurs : RÉSUMÉ. Vous venez d’entendre l’exposé lidèlc de la situation du pays; elle offre pour le passé des résultats satisfaisants, néanmoins, un élat de malaise général tend chaque jour à s’accroître. Partout le travail se ralentit, la misère augmente, les intérêts s’effrayent et les espérances anti-sociales s’exaltent à mesure que les pouvoirs publics affaiblis approchent de leur terme. Dans un tel étal de choses, la première préoccupation du gou vernement doit être de rechercher les moyens de conjurer les périls et d’assurer les meilleures chances de salut. Déjà, dans mon dernier message, mes paroles à ce sujet, je m’en souviens avec orgueil, furent favorablement accueillies par l’Assemblée. Je vous disais : c L’incertitude de l’avenir fait naître bien des appréhensions, en » réveillant bien des espérances. Sachons tous faire à la patrie le » sacrifice de ses espérances, et ne nous occupons que de ses in» térêts. Si, dans celle session, vous votez la révision de la Cons» litulion, une constituante viendra refaire nos lois fondamentales » et régler le sort du pouvoir exécutif. Si vous ne la volez pas, le » peuple, en 1852, manifestera solennellement l’expression de sa » volonté nouvelle. Mais, quelles que puissent-êlre les solulions » de l’avenir, entendons-nous afin que ce ne soit jamais la pas> sion, la surprise ou la violence qui décident du sort d’une > grande nation. » Aujourd’hui les questions sont les mêmes, et mon devoir n’a pas changé. C’est de maintenir l’ordre inflexiblement, c’est de faire disparaître toute cause d’agitation, afin que les résolutions qui dé cideront de notre sort, soient conçues dans le calme et adoptées sans contestation. Ces résolutions ne peuvent émaner que d’un acte décisif de la souveraineté nationale, puisqu’elles ont toutes pour hase l’élection populaire. Eh bien ! je me suis demandé s’il fallait, en présence du délire des passions, de la confusion des doctrines, de la divi sion des partis, alors que tout se ligue pour enlever à la morale, à la justice, à l’autorité leur dernier prestige; s’il fallait, dis-je, laisser ébranlé, incomplet, le seul principe qu’au milieu du chaos général la Providence ait maintenu debout pour nous ruillier? Quand le suffrage universel a relevé l’édifice social par cela même qu’il substituait un droit à un fait révolutionnaire, est-il sage d’en restreindre plus longtemps la base ? Enfin, je me suis demandé si, lorsque des pouvoirs nouveaux viendront présider aux destinées du pays, ce n’était pas d’avance compromettre leur sta bilité que de laisser un prétexte de discuter leur origine et de méconnaître leur légitimité? Le doute n’était pas possible, et, sans vouloir m’écarter un seul instant de la politique d’ordre que j’ai toujours suivie, je me suis vu obligé, bien à regret, de me séparer d’un ministère qui avait toute ma confiance et mon estime, pour en choisir un autre, com posé également d’hommes honorables, connus par leurs sentiments conservateurs, mais qui voulussent admettre la nécessité de réta blir le suffrage universel sur la base la plus large possible. Il vous sera «loue présenté un projet de loi qui restitue au prin cipe toute sa plénitude, en conservant de la loi du 51 mai ce qui dégage le suffrage universel d’éléments impurs, et en rend l’ap plication pins morale et plus régulière. Ce projet n’a donc rien qui puisse blesser cette Assemblée; car si je « rois utile de lui demander aujourd’hui le retrait de la loi du 51 mai, je n’entend pas renier l’approbation que je donnai alors à l’initiative prise par le ministère qui réclama des chefs de la ma jorité, dont celle loi était l’œuvre, l’honneur de la présenter. Je reconnais même les effets salutaires qu’elle a produits. En se rappelant les circonstances dans lesquelles elle fut pré sentée, on avouera que c’était un acte politique bien plus qu’une loi électorale, une véritable mesure de suint public; et toutes les fois que la majorité me proposera des moyens énergiques pour sauver le pays, elle peut compter sur mon concours 'loyal et dé sintéressé. Mais les mesures de salut public n’ont qu’un temps limité. La loi du 51 mai, dans son application, a même dépassé le but qu’on pensait atteindre. Personne ne prévoyait la suppression de trois millions d’électeurs, dont les deux tiers sont habitants paisi bles des campagnes. Qu’en est-il résulté ? C’est que celte immense exclusion a servi de prétexte au parti anarchique qui couvre ses détestables desseins de l'apparence d’un droit ravi et à reconqué rir. Trop inférieur cri nombre pour s’emparer de la société par le vote, il espère, à la faveur de l’émotion générale et au déclin des pouvoirs, faire naître sur plusieurs points de la France à la fois, des troubles qui seraient réprimés sans doute, mais qui nous jet teraient dans de nouvelles complications. Indépendamment de ces périls, la loi du 51 mai, comme loi électorale, présente de graves inconvénients. Je n’ai pas cessé de croire qu’un jour viendrait où il serait de mon devoir d’en proÎoser l’abrogation. Défectueuse, en effet, lorsqu’elle est appliquée l’élection d’une Assemblée, elle l’est bien davantage lorsqu’il s’agit de la nomination du Président ; car si une résidence de trois...
À propos
Initialement intitulé La République de 1848, le journal se rebaptise le Courrier de Bourges quatre années plus tard, en 1852. En 1872, le journal devient le Courrier du Berry puis, de 1883 jusqu’à sa disparution en 1902, Le Messager du Cher.
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