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La République de 1848, 17 décembre 1848

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La République de 1848
17 décembre 1848


Extrait du journal

A M. Ledru-Ilollin, ex-ministre de l’intérieur. Paris, ce décembre 1848. Monsieur, Le Moniteur contient dans son numéro du 10 décembre un dis cours prononcé par vous, le 9, devant l’Assemblée nationale. J’ai lu ce discours, et je vous ai adressé immédiatement la let tre que voici : , t Paris, 10 décembre 1848. < Monsieur, < Quelque soin que vous ayez pris d’éviter un nom propre, en < faisant entendre, le 9 de ce mois, des accusations graves, je « m’empresse de revendiquer le droit de me les appliquer et d’y « répondre. Je ne le puis devant le môme auditoire, ni sur le même « terrain ; cette pensée aurait dù vous arrêter peut-être ; mais il < y a toujours moyen de faire connaître la vérité. c Je viens donc vous adjurer, Monsieur, d’avoir à désigner, vousc môme, deux ou trois personnes honorables et consciencieuses, « auxquelles vous aurez à communiquer les preuves que vous « dites avoir en mains à l’appui de ces acrusations. Je m’engage, « de mon côté, à donner à ce jury d’honneur, choisi par vous et accepté par moi, toutes les explications qui me seront deman dées, et à ne pas laisser subsister un mot de ces tristes dénon ciations, ni de ces prétendues preuves. « Je ne puis croire, Monsieur, que vons récusiez un moyen si simple et si loyal de faire éclater la vérité ; car ce serait vou loir garder, devant moi, le rôle et le tort d’un calomniateur. < Recevez, Monsieur, mes salutations. < P. Cari,ter. » Cette lettre, qui vous portait une offre polie, un défi loyal, est restée sans réponse. Je laisse aux lecteurs de bonne foi à juger mon langage et votre silence. Je vous demandais une modeste satisfaction ; vous la refusez en déguisant votre impuissance, sous votre dignité sans doute ; je ne vous reconnais pas ce droit. Je revendique, moi, le droit de me défendre, et comme je ne puis pas, comme vous, me cacher dans la tribune, je vous démasque dans la presse, qui vient vous répé ter, de ma part, que vous êtes un calomniateur ! Vous avez dit, Monsieur, que je vous avais trompé, que j’avais trotnpé vos successeurs, et que je trompais encore le ministre qui «J’honore actuellement de sa confiance. Je vous renouvelle le défi d’apporter la moindre preuve de ce 3ne vous avez avancé à ce sujet ; et en attendant, je viens vous émontrer, pour ma part, que vous n’avez pas eu à vous plaindre de moi. A qui persuaderez-vous, en effet, que vous avez gardé près de vous, dans un poste aussi important et aussi délicat que le mien, un homme qui vous trompait ? A qui ferez-vous croire que, si je vous avais trompé, vous ne l'auriez pas dit à votre succes seur? En toute circonstance, Monsieur, et au risque de vous déplaire, (ce qui, je l’avoue, m’inquiète fort peu) j’ai mis la vérité sous vos yeux, et pour vous en rappeler un exemple, je vous citerai la fin d’un de mes rapports du 12 avril, que je terminais par ces mots pro phétiques (il s'agissait de l’argent, des munitions et des armes don nés à Sobrier et à la préfecture de police, au grand scandale de la Fopulation de Paris) : « Il est très dangereux pour le ministre de intérieur de laisser passer inaperçu un tel état de choses ; en cas d'insurrection, ces armes et ces munitions seront employées contre la garde nationale et contre le gouvernement, et assurément si une enquête est ordonnée, on remontera à la source et lie ministre sera compromis. » Croyez-vous qu’un homme qui osait adresser de telles paroles à un futur dictateur, n'était pas sûrdc lui-même ? Non, Monsieur, je ne vous ai pas trompé, et, puisque j’en trouve l’occasion, je vous dirai que c’est vous qui avez voulu me tromper, et endormir, par ma présence au ministère, les personnes qui crai gnaient vos machinations. Je suis entré au ministère le 25 mars, et, dès le 10 avril, il m’é tait démontré que vous étiez un homme à deux visages, l’un pour l’Hôtel-de-Ville, l’autre pour vos frères et amis ; que je n'étais là que pour leurrer vos collègues, qui n’avaient pas confiance en vous, mais que ma présence rassurait ; j’étais votre chaperon po litique. Mon travail était mis sous les yeux du gouvernement provisoire, à l’Hôtel-de-Ville, et j’en appelle à tous vos honorables collègues, leur avez-vous jamais dit un mot qui dût les mettre en garde con tre moi ? Je sais, à la vérité, (car je sais bien des choses, Monsieur), qu’à peine installé à la commission exécutive, au Luxembourg, et après avoir posé vos jalons pour les cas possibles, vous avez vive ment regretté de m’avoir laissé au ministère de l’intérieur, et vous aviez raison, car vous y laissiez une sentinelle fort gênante pour vous, qui aviez, on le disait, quelque velléité de violer la consigne. Vous avez donc essayé, mais en vain, comme membre de la com mission exécutive, avant les affaires du 15 mai et du 23 juin, tout ce que vous avez pu pour me foire éloigner ; il est évident que vous n’aviez pas encore entre les mains les preuves de trahison dont vous menacez de m’accabler aujourd’hui. Je pense que vous n’auriez pas négligé de les produire pour vous débarrasser de moi. . Je sers, dites-vous, la famille d’Orléans, la régence, et vous ea avez la preuve !... Comment, Monsieur, vous, républicain de la veille, républicain pur sang, vous avez entre les mains de quoi prouver que moi, républicain du lendemain, je trompe le minis tère qui m’honore de sa confiance ; que je trahis la République,...

À propos

Initialement intitulé La République de 1848, le journal se rebaptise le Courrier de Bourges quatre années plus tard, en 1852. En 1872, le journal devient le Courrier du Berry puis, de 1883 jusqu’à sa disparution en 1902, Le Messager du Cher.

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Données de classification
  • ledru-rollin
  • raspail
  • dubost
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  • drouyn de lhuys
  • odilon-barrot
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