Extrait du journal
Bourges, 96 mai. Nos principes étant ceux de l’ordre, de la conserva tion de la propriété, du respect de la famille,— ces bases essentielles des sociétés , — nous devons penser que nous n'aurons pas de grandes luttes à soutenir avec nos confrères de Bourges qui, bons citoyens comme nous, ne peuvent vouloir que ce que nous voulons. Des questions de détail , voilà donc ce qui, proba blement , nous divisera. Ces questions ont aussi leur intérêt, sans doute, et notre plume ne sera jamais muette quand elles réclameront sa parole. Cependant toute autre discussion nous trouvera tou jours prêts. Nous nous sommes dévoués à un intérêt général, et nous ne manquerons pas à ce que le public lui-même attend de nous. Seulement nous nous efforcerons de ne jamais intéres ser la galerie par le scandale. Le scandale n’a que trop nui aux journaux, et nous ne voulons pas qu'il nous nuise. La presse n’est utile qu’à la condition d'être di gne. Celle dignité est dans notre caractère , et rien ne nous emportera au-delà de la limite qu’elle nous aura fixée. Ces lignes ne font allusion à personne j c’est une préface néces»aire , voilà tout. Le Droit commun s’empare d’un article de VOpinion publique , dont la conclusion est celle-ci : « C'est sur vous seuls, habitants des départements, qu'il faut compter ; sur vous seuls et sur vos représentants. Pendant qu'ils travaillent â organiser les libertés locales, qui peuvent seules pré venir le retour de pareilles lentatives( l'avortement du 15 mai ), vous avez une œuvre utile à accomplir. Nous vous soumettons dés à présent le germe d’une idée qui a besoin d'être développée , mais qui. si vous l’appliquez avec sagesse et énergie, peut être fé conde : c’est celle d’une vaste association fondée dans une pensée de résistance aux tentatives de tyrannie et d’usurpation des anar chistes qui pourraient substituer à Paris un pouvoir dictatorial aux pouvoirs réguliers ; pensée du reste conçue et appliquée dans un sentiment de fraternité avec la garde nationale de Paris, qui vient de bien mériter de la France ! » Le Droit commun se rallie à celte proposition. Il a tort, nous le croyons. il y a là un certain faisceau de fédéralisme , et ne fut-ce que l’ombre de ce danger, c’est iropl N'oublions pas les exemples du passé. Coblentz . le traité de Prinitz, ont plus été les bourreaux de Louis XVI que les tribuns de la Convention. Lyon , Bordeaux , Marseille, fédéré;, ont plus perdu les (ftrondinsque l'inquiète jalousie de leurs rivaux. Soyons prudents! Nous voulons la République, ne faisons rien qui puisse exciter le soupçon d’une volonté contraire. Nous serons forts le jour où l’on ne pourra pas dire que nous aspirons à autre chose qu’à l’unité républicaine. Et notre force, ce sera l'ordre, ce sera 1a confiance rétablie , ce sera le crédit remis sur pied 1 Quelques folles têtes seront toujours contentes d’une imprudence qui leur permettra de cacher leur dé mence sons le voile imposteur d i salut de la Répu blique. Empêchons à tout prix ce contentement. Loin do nous de suspecter l’idée que notre confrère a reproduite ; mais d'autres la suspecteraient si ou la réalisait. Ne prêtons pas d'armes aux ennemis de cette République qui peut seule aujourd’hui , dirigée dans les voies de l’ordre, nous donner la stabilité des institutions et la grandeur. Et ce mot ennemis, on le comprendra : ces ennemis sont ceux de l'ordre I ce sont les gens qu'un 15 mai fait surgir aux regards effrayés de la France ! Après tout, que serait la vaste association qu'on con seille ? Ou Paris souffrira l’anarchie, ou il s’y opposera....
À propos
Initialement intitulé La République de 1848, le journal se rebaptise le Courrier de Bourges quatre années plus tard, en 1852. En 1872, le journal devient le Courrier du Berry puis, de 1883 jusqu’à sa disparution en 1902, Le Messager du Cher.
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