Extrait du journal

AUX ÉLECTEURS RURAUX. Des correspondances particulières nous apprennent que la proclamation de la République n’a pas été accueillie dans les campagnes avec le même enthousiasme que dans les villes. A quoi faut-il attribuer cette froideur à laquelle nous étions loin de nous attendre? — Ce n’est certes pas au grand amour des campagnards pour la monarchie déchue. Depuis longtemps les fourberies de l’effroi avaient acquis une triste célébrité, et le nom de Louis-Philippe n’était prononcé dans les contrées les plus éloignées de Paris qu’avec le sourire du mépris. Les crimes qui l’an dernier sont venus jeter une si terrible lumière sur l’aristocratie de 1830, avaient achevé de discréditer le gouvernement de Juillet. Il ne faut donc attribuer la froideur des campagnes qu’à des souvenirs de 93, ou plutôt à des récits ornés de toute la fantasmagorie lugubre particulière aux conteurs villageois....