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La République, 13 octobre 1934

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La République
13 octobre 1934


Extrait du journal

La République espagnole avait été fondée, au printemps de 1931, sans effusion de sang, dans un mouvement de généreux enthousiasme auquel participaient des éléments très divers. Ces troupes, en apparence bigarrées, qui allaient depuis les ouvriers anarchisants jusqu'à d’anciens collaborateurs politiques de la monarchie, dégagés à peine de leur fidélité aux institutions antérieures, n ôtaient pas unies seulement par une commune réprobation de la dictature et de la politique personnelle d*Alphonse XIII. Elles se représentaient vaguident aussi un idéal nouveau, en contradiction, comme de juste, avec le régime qui venait d’être renversé. Mais, lorsqu’il s est agi de procéder à des réalisations, l'entente n’a pu se maintenir, parce qu’aucun programme positif n’avait été préparé et accepté par tous. L’esprit de surenchère s’est alors donné libre carrière. On a voulu brûler les étapes, oubliant les leçons de sagesse et de méthode que Gambetta avait su administrer chez nous aux plus intransigeants de ses amis. Il en est résulté que la première assemblée a. dans son oeuvre, dépassé sensiblement les possibilités d’un pays où la masse n'a d’ailleurs presque aucune éducation civique et demeure illettrée dans la proportion des trois quarts. Pour avoir voulu faire trop rapidement trop de choses, réaliser — au moins sur le papier — trop de réformes hardies, on a, comme il arrive d’ordinaire, alarmé la nation et provoqué un choc en retour brutal, qui s’est affirmé aux élections suivantes par la prépondérance des droites. Celles-ci sans doute se disaient ralliées au régime ; mais n’ayant pas lutté pour son avènement, n’ayant pas vécu de sa vie ni partagé ses espérances, elles ne le comprenaient pas et lui restaient en réalité sourdement hostiles. Ni sur la question religieuse, ni sur les problèmes du travail, -ni sur la question agraire, aucun compromis n’était possible. Dès lors, la République espagnole, tout en conservant comme un titre nu sa dénomination officielle, courait le danger de se voir -vider, à bref délai, de toute sa substance. Comment, à défaut des idées monarchistes, qu’Alphonse XIII avait discréditées, les idées dictatoriales n'auraient-elles pas hanté l’esprit des nouveaux chefs politiques et bénéficié du -prestige que rencontrent à l’étranger les régimes autoritaires ? Mais le fascisme espagnol n’a pas voulu précipiter les étapes. Il a préféré pratiquer, en attendant son heure, la politique de soutien à l’égard du plus modéré des partis attachés à l'idéologie républicaine, à savoir le parti radical. Il s’en est servi comme d’un paravent, à l’abri duquel il fourbissait ses armes et qu’il entendait bien, le moment venu, écarter avec désinvolture et mépris....
La République (1929-1939)

À propos

Conçu par Émile Roche pour être un organe de propagande du parti radical, La République est lancée à l’occasion des élections de 1928. Le titre connaît son apogée en octobre 1936 avec un tirage à 142 000 exemplaires. Cependant les polémiques constantes avec les communistes provoquèrent l’éloignement du journal du Front populaire. Celui-ci disparait en septembre 1939.

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