Extrait du journal

( /irritation réciproque des Croates et des Serbes était à son comble. Une régénération de l'Etat paraissait à tous indispensable. Certains la rêvaient sous 1 i forme d’élections libres, qui eussent purgé la scène politique des vieux partis artificiellement maintenus au pouvoir et permis des réformes profondes dans le sens de la décentralisation et de l’autonomie locale. Mais on était en réalité à la veille et dans l'attente du coup d’Etat royal qui, pour préserver l’unité de la nation, a emprisonné le pays dans le corset de fer de la dictature. L’incertitude et l'angoisse étaient partout. Je les oi vécues moi-même, éprouvant la sincérité égale des thèses qui s’affrontaient. J .e duel des deux éléments ethniques, dont l’un représentait la vie civile, des habitudes policées, une certaine indécision et une certaine indolence de temj>ér a ment aussi, dont Vautre figurait la discipline militaire, la foi patriotique, une fidélité un peu rude et un peu sombre aux leçons des épreuves passées, axait quelque chose de douloureux. On &rntdil que ces deux populations, issues d’un même tronc mais séparées par un passé récent, puis regroupes par le milan le de 1019, pouvaient, selon les circonstances, au gré des impondérables, consommer une union morale définitive • ai un irréparable divorce....