Extrait du journal

Les chemins de fer ont donné le coup de grâce au paysan. Jadis, dans les terres noires du Sud et du Sud-Est, il empilait ses meules de blé et les tenait en réserve. Venait la mauvaise récolte— elle revient tous les onze ou douze ans, — et il entamait ses meules. Il passait l’hiver sans connaître les transes de ia faim. Mais aujourd’hui, ces meules ont disparu, — tout est exporté. Des acheteurs sont venus d’Allemagne et d’Angleterre, offrir au paysan de l’argent comptant pour son blé de réserve. Il a vendu. Mais sitôt que les deux vautours de l’Etat et le seigneur — se sont aperçus qu’il tenait quelques ronds d’argent dans sa main, l’un s’est empressé d’augmenter les impôts et l’autre h rente. Si bien que le paysan n’a plus rien en réserve. Il vit au jour le jour....