Extrait du journal

« Il y a à parier, dit Chamfort, que toute idée publique, toute convention reçue est une sottise, car elle a convenu au plus grand nombre. » Cette remarque, strictement philosophique quoiqu’un peu trop française, s’applique spécialement à tout ce que l’on appelle maximes et proverbes populaires, dont les neuf dixièmes sont la quintessence de la sottise. L’un des plus déplorablement faux est l’adage antique : De gustihus non est disputandum : « Des goûts et des couleurs, on ne peut discuter ». L’idée que l’on prétend exprimer par là est que n’importe qui a, aussi bien qu’un autre, le droit de considérer son propre goût comme le vrai, bref, que le goût lui-même est une chose arbitraire, qui ne dépend d’aucune loi, et qu’on ne peut pas mesurer selon des règles définies. Il faut avouer, certes, que les seuls traités qui existent, vagues et faibles à l’excès, sont en grande partie responsables de ce que se trouve confirmée l’erreur générale. On peut le reconnaître, l’un des plus importants services que devra l’humanité à la phrénologie sera l’analyse des principes réels du goût, et l’établissement des lois qui en résultent. Ces principes, en fait, on peut les discerner aussi clairement, et ce s lois, on peut aussi facilement les grouper en système que n’importe quels autres....