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La Revue politique et littéraire, 1 février 1879

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La Revue politique et littéraire
1 février 1879


Extrait du journal

A l’alternative posée il y a dix-huit mois par M. Gambetta, le Maréchal a répondu en se soumettant d’abord, en se démettant ensuite. Pourquoi il s’est démis après s’être soumis, ou pourquoi il s’était soumis pour se démettre plus tard, il n’est pas malaisé de le comprendre. La surprise a été grande. La loi sur les commandements militaires avait été votée par cette même Assemblée nationale à qui M. de MacMahon devait son élévation et à laquelle il survivait; le programme de son ministère portait expressément que cette loi serait exécutée; elle ministre chargé d’en assurer l'exécution était celui-là même à qui l’on avait confié il y a quinze jours le portefeuille de la guerre par égard pour les préférences de M. de Mac-Mahon. Qui donc aurait pu deviner que cela ferait question et que sur cette pierre d’achoppement la présidence du Maréchal aurait un terme soudain? Et pourtant, après l’événement, comme il arrive souvent, on trouve l'explication. La fin de cette présidence jette une vive clarté sur cette présidence tout entière, qui nous montre dans son ensemble les perplexités d’un homme dont l’esprit n’était pas parvenu à se fixer sur la nature de ses devoirs. Ses premiers messages à l’Assemblée nationale avaient le ton et l’allure du commandement militaire; il était plus maréchal que Président; on lui fit comprendre qu’il était plutôt un soldat à qui l’Assemblée nationale avait donné pour consigne de combattre les radicaux, à commencer par les « radicaux » du centre gauche; que la Constitution imposait bien certaines limites à son autorité, mais qu’il y trouvait le droit de faire des 16 Mai, au nom de la « conservation sociale », confiée à sa garde. Le lâ décembre 1877, sa conscience recula devant une illégalité flagrante, et nous devons supposer que dès lors il s’appliqua sincèrement à être un President constitutionnel. Mais maréchal de France, sentinelle de l’ordre moral, Président d’une république constituée, ce triple caractère l’a jeté dans des résolutions successives et contradictoires qui trahissent les incertitudes d une intelligence honnête que les raisonnements qu’elle tache de se faire à elle-même troublent sans l’éclairer. Capable de signer sans mot dire des décrets qui apportent des...
Revue politique et littéraire

À propos

Fondée en 1871, La Revue politique et littéraire est un hebdomadaire culturel très populaire, aussi connu sous le nom Revue bleue. Elle obtient ce surnom grâce à son papier bleu et par opposition à la Revue scientifique du même éditeur, appelé Revue rose. Très varié dans son contenu, le titre est aussi dérivé dans son format de la Revue des Cours littéraires, qui publiait les cours du Collège de France.

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Données de classification
  • eue
  • alglave
  • maréchal de france
  • de mac-mahon
  • gambetta
  • assemblée nationale
  • une république