Extrait du journal

Nous avons grandement tort en France de nous indigner contre la méthode diplomatique du prince vde Bismarck. Si dures qu’en aient été les conséquences pour notre pays, nous devrions en reconnaître la justesse, en comprendre les avantages pour nous les appliquer à l’occasion. Se moquer de 1’ « honnête courtier », c’est tout simplement méconnaître une des plus profondes révolutions de la politique internationale. Nous parlons à chaque moment de l’attachement des États monarchiques pour les traditions de l’histoire diplomatique; et en réalité c’est chez nous que l’étiquette, que le formalisme phraséologie, que la routine des formules de protocole et autres, ont le mieux persisté. Est-ce en Allemagne, en Autriche, en Italie qu’on prononce le plus souvent les grands mots de « frontières naturelles », « frontières historiques », de « communauté de race », de « peuples frères », de « nations sœurs », de « traditions séculaires » ? Est-ce eu France que la politique de l’intérêt a supplanté la politique du sentiment? Non, mille fois non. Il est triste de constater que nous sommes immobilisés, nous qui avons la prétention d’être un État moderne par excellence, dans l’adoration, dans le fétichiste de quelques dictons du passé. On trouve encore des gens qui rêvent d’« humilier la maison d’Autriche ». L’Allemand, dira-t-on, nous traite bien d’« ennemi héréditaire » ; oui, mais il in-...