Extrait du journal

Lorsque je quittai Paris le 12 mai, je ne connaissais du corps expéditionnaire d’Italie que ce qui en avait été dit à notre tribune de l’Assemblée nationale. Le ministre de la Guerre, dès le 6 mars, avait bien voulu me consulter au sujet d’une expédition qu’on voulait entreprendre contre Civita-Vecchia. Il s’agissait d’avoir en Italie un point solide et fermé où nous pourrions aborder en tout temps et qui nous permettrait de dire notre mot dans les affaires dont l’Italie allait être le théâtre. Je trouvais cette pensée digne et politique, et je fis des recherches au Dépôt des fortifications sur la petiteplacedeCivita-Vecchia, et remis un bout de mémoire tant sur les moyens de réussir dans une attaque de vive force, que sur la marche à suivre pour y entrer au moyen d’une brèche, si la garnison nous réduisait à. cette extrémité. Dans mon mémoire, contrairement à l’opinion du ministre qui ne voulait pas embarquer une seule pièce d’artillerie de gros calibre, j’insistais fortement, au contraire, pour qu’on emportât six pièces de 16 au moins, et pour qu’on ne s’exposât pas à l’affront d’être arrêté tout net par une bicoque comme Civita-Vecchia, si la garnison avait le courage de fermer ses portes. Mon mémoire, lu en conseil des ministres, fut adopté, et six pièces de 16 furent adjointes à l’expédition : ce sont les mêmes pièces de 16 avec lesquelles vous avons pu commencer le siège de Rome trois mois après....