Extrait du journal

PORTRAITS D’ACADÉMICIENS (1) .11. «rncwt Renan. Lorsque le christianisme, se répandant en Occident, marcha résolument à la conquête du monde païen ; lorsque, ses ambitions croissant avec sa fortune, il entreprit d’être, non plus seulement la croyance de quelques élus choisis parmi les Juifs ou les gentils, mais la foi de l’humanité tout entière, un élargissement se fit dans la doctrine même que saint Paul avait prêché. Tous les moyens furent mis en œuvre pour attirer les timides et les hésitants. Au lieu de maudire les superstitions du paganisme, au lieu de briser les statues des dieux, de ruiner leur temples et de semer du sel sur les ruines, on sentit qu’il valait mieux consacrer au Dieu vrai les statues des faux dieux, sacrifier à Jésus sur les autels de Jupiter ou d’Apollon, établir le culte nouveau là même oü avait été le culte ancien et où le peuple s’était accoutumé à venir prier; emprunter enfin à la religion vaincue ses pompes, ses cérémonies, jusqu’à ses formules, en mettant seulement sous les vieux mots des idées nouvelles, si bien qu’insensiblement et, pour ainsi dire, sans en avoir conscience, bercée des mêmes chants, charmée des mêmes rites, la foule qui s’était endormie païenne pût se réveiller adoratrice du Christ....