Extrait du journal

I. Pour ceux qui croient que la Révolution sortit des prédications des philosophes, le titre même de l’ouvrage de M. Rocquain produira l’effet d'une fantaisie paradoxale : l’£s/?rït révolutionnaire avant la Révolution ! Ne nous a-t-on pas enseigné que, sans Dictionnaire philosophique de Voltaire, sans F Encyclopédie de Diderot, sans le livre sur YEsprit de Helvétius, sans l’ouvrage de Raynal sur les deux Indes, et surtout sans le Contrat social de Rousseau, le peuple français n'aurait jamais fait la Révolution? On l’a répété si souvent qu’on a Uni par le mettre en vers : « C'est la faute à Rousseau, c’est la faute à Voltaire. » Aujourd'hui encore, on croit réparer les brèches de F Église et même avancer les affaires delà royauté en s’attaquant à la mémoire des philosophes, en accusant Voltaire d’hypocrisie, Rousseau d'envie et de démence, Diderot de mauvaises mœurs. Le seigneur de cerne surtout est devenu la tête de Turc sur laquelle les journalistes pieux et les prédicateurs à la mode essayent la lorée de leur bras. Les prédicateurs n'ont peut-être pas tout à fait tort ; mais les royalistes non cléricaux — à supposer qu'il en existe encore — ne le leur cèdent pas en acharnement contre l’ami des rois du xvme siècle....