Extrait du journal

UN NOUVEAU CHEMIN DE FER A TRAVERS L’ASIE RUSSE Le projet de construction d’un chemin de fer, reliant les provinces situées au bord du Pacifique avec le Transsibérien, a trouvé dans la Chambre haute une critique plus sérieuse, que celle qui lui fut dévolue à la Douma. A la tête des protestataires s’est placé cette fois le comte Witte. Le fond de sa pensée, c’est que 1e. nouveau chemin de fer nous entraîne à des dépenses sinon inutiles du moins exagérées et peu conformes à l’état actuel de nos finances. Des réformes plus pressantes et non moins coûteuses s’imposent en ce qui concerne l’armée de terre et la reconstruction de notre flotte, anéantie à Tsousima. Le chemin de fer qu’on compte bâtir nous vaudra, au bas mot, une dépense de trois cent cinquante millions de roubles. Construit dans un but purement stratégique, il ne sera longtemps qu’une charge pour le Trésor et amènera annuellement une dépense d’une vingtaine de millions. Comme il doit passer non loin du fleuve Amour, qui nous sépare du Céleste Empire, il nécessitera de nouvelles dépenses pour la construction de forteresses, dépenses qu’on évalue déjà à la somme de trois cents millions. Ajoutez à cela les deux cents millions qu’exige le placement d’une nouvelle paire de rails le long du Transsibérien, et vous arrivez à une somme de huit cents millions de roubles qui, bien entendu, doivent être empruntés à l’étranger. Dans ses entretiens privés ainsi que dans un rapport fait à la réunion des membres du centre, c’est-à-dire du parti le plus nombreux au Conseil...